n° 229 Hiver 2004

 

L'Edito par Lucien AURARD

Les premiers indices de la célébration de Noël viennent d'Egypte et curieusement assez tardivement. Vers l'an 200 seulement Clément d'Alexandrie mentionne que certains Egyptiens fêtent la naissance du Christ le 20 mai. Dans la première moitié du IVe siècle, l'Eglise d'Alexandrie établit que la Nativité du Seigneur se fête le 6 janvier, en même temps que la fête de l'Epiphanie. Si saint Grégoire de Nysse nous apprend que, en 380, les fidèles de Cappadoce célébraient Noël le 25 décembre, nous savons que Noël continue à être ignoré par l'Eglise de Jérusalem jusqu'au VIe siècle. De même si, à Rome, Noël était célébré dès 354, le concile espagnol de Saragosse, en 380, l'ignore encore et saint Augustin, au Ve siècle, ne le mentionne pas comme une des fêtes principales de la chrétienté. Il faudra attendre l'aube du VIème siècle pour que Noël soit célébré dans tout le monde chrétien. C'est étonnant, tout de même !

Et pourquoi le 25 décembre a-t-il été choisi comme fête de la Nativité du Christ ? Encore une belle page de l'histoire de la chrétienté qu'il est bon de ne pas oublier. La raison que nous avançons spontanément est la volonté de l'Église d'adapter et " christianiser " certaines fêtes païennes qui se célébraient vers cette date : ainsi la naissance de Dionysios à Delphes, les Saturnales (1-23 décembre), et surtout le Natalis Invicti, ou fête du soleil " invaincu " (solstice d'hiver) célébrée le jour même du 25 décembre. Les Pères de l'Église, notamment Cyprien, déclarent que cet " anniversaire de l'invaincu " trouve sa réalité dans la naissance de Jésus, le seul " invaincu " et le Soleil de Justice. Mais d'autres considérations ont influé sur le choix du 25 décembre : on a fait dépendre la date de la Nativité de la date de la conception du Christ, et l'on a célébré la Nativité neuf mois après le 25 mars, fête de l'Annonciation. La date de l'Annonciation elle-même a été fixée au 25 mars, parce que l'on a imaginé que le Christ avait été conçu six mois après la conception de Jean-Baptiste ; or on fixait au mois de septembre l'annonce faite à Zacharie, car on faisait arbitrairement de Zacharie un grand-prêtre et l'on se rappelait que le grand-prêtre entrait dans le sanctuaire le jour de l'Expiation, en septembre. Curieux encore ces calculs entièrement fantaisistes !

Mais justement Noël, c'est le monde à l'envers : Dieu chez l'homme, l'homme chez Dieu. Nos histoires d'hommes deviennent l'histoire de Dieu. C'est fou, dirait saint Paul. C'est n'importe quoi, pourrait-on dire dans le langage d'aujourd'hui. Et pourtant c'est ainsi : notre petite histoire humaine est la grande histoire de Dieu.

Et ça change tout. Je pense à la phrase de Kierkegaard que vous connaissez peut-être : " le contraire du péché, ce n'est pas la vertu, le contraire du péché, c'est la foi. " Croire, c'est faire confiance à Dieu, ne pas le soupçonner, ni douter de son amour pour nous et pour le monde. Croire, c'est regarder le monde avec ses yeux à lui puisque Dieu est chez nous.

Dieu parmi nous ! Dieu, à hauteur d'homme ! Il y a de quoi rêver. Bon Noël.

 

Un 1er article (nouvelles de l'APOC) : Un grand merci à tous ! par Anne Camboulives
6/11/2004 : une assemblée générale mémorable, des enchères du tonnerre, un banquet fort festif
Trinitaires de choc, prévenantes et affairées (l'événement se passait à l'Institution Champfleury), équipe Apoc très ad hoc, adhérents motivés, sympathisants dévoués, élus amusés (Alain Dufaut, sénateur de Vaucluse et Conseiller général, Michel Bissière maire du quartier ouest, Philippe Marcucci maire des quartiers sud venu en ami enchérir), généreux donateurs (ah les superbes gâteaux de la Pâtisserie de Guy et Mimi Djochgoumian ! ah les succulentes bananes de Bruno Laugier, de la maison Dole) et mécènes distingués (ah les belles plantes, que celles prêtées par la Maison Jean Ferrari, ah ce nectar divin de la cave coopérative de Cairanne !) journalistes et photographes sur pied de guerre (Anne-Marie Aubanel pour Radio Lumières, Sophie Racle pour France Bleu Vaucluse, Mireille Picard pour le Dauphiné/Vaucluse Matin, Melle Pratelli et Cyril Hiély pour La Provence -et quelques jours avant Carina Istre et Valérie Suau-, Mireille Bardoc pour l'Apoc, parce que ça rime... non, parce qu'elle prend des photos superbes)... C'est grâce à eux tous que cette journée restera dans les annales de Saint-Ruf ! Peu de signatures manquent à l'appel du Livre d'Or, c'était difficile d'échapper au cerbère qui gardait la porte ! Même les absents étaient là : superbes panneaux des photos saisies sur le vif par Chantal Christin lors des " Dimanches de Saint-Ruf " et mises en bulles par de facétieux scripteurs sur une idée de la jeune Laure Leone, banderole enthousiaste de Bernard Tillet : AVEC VOUS, NOUS Y ARRIVERONS, le slogan plein d'espérance de l'Apoc... Quant aux enchères, ah mesdames et messieurs, il fallait y être pour le croire : quelle joyeuse précipitation pour apporter sa contribution. Un beau score, pour une première fois : 1 062 euros récoltés en une heure, qui dit mieux ? Les gagnants : 1er panier garni Christine Bonet ; 2e panier garni Marie-Yolande Pitras ; 2 places d'opérette au Théâtre d'Avignon (Chantons sous la pluie) Louis Laugier qui les a ensuite généreusement remises aux enchères car il a gagné un autre lot, 2 places d'opéra (Madame Butterfly) toujours à Avignon Mireille Bosq, 2 places pour les Chorégies d'Orange Denise Mayencourt, 1 appareil photo numérique, Louis Laugier et le " gros lot ", un tableau du peintre Francis Cera Bernard Gagon.

Si vous voulez garder mémoire, tout en contribuant...
A vendre : un CD génial réunissant toutes les photos1, depuis l'assemblée générale jusqu'à la vaisselle finale tous en chœur (un curé, des bonnes sœurs, une armée de laïcs pour laver, rincer, essuyer : en deux temps trois mouvements c'était fait et dans une bonne humeur inénarrable !), le tout au prix de 10 € ! Vous n'avez pas d'ordinateur ? Mais vos amis, enfants ou vos petits-enfants, si ! Quel beau cadeau à leur offrir pour Noël : la possibilité non seulement de reconnaître quelqu'un qui leur est cher, mais de palper l'ambiance unique de Saint-Ruf. Il n'y en avait qu'un pour avoir une idée pareille, notre spécialiste en marketing, le père Hervé d'Anselme ; et qu'une pour la réaliser : l'inégalable Mireille Bardoc ! Alors si vous avez envie de commettre une bonne action, surtout ne vous privez pas d'une si belle occasion, vous savez que l'objectif clairement avoué de l'Apoc, c'est de récolter des fonds ! D'ailleurs, ceux qui n'ont pas encore renouvelé leur cotisation sont chaleureusement invités à le faire, le centenaire de Saint-Ruf, c'est une belle cause à soutenir ! Allez-y, et faites des émules !

21 novembre 2004 : un Dimanche de Saint-Ruf sous le signe de la grâce
Annoncé par la presse -y compris régionale, avecl'Hebdo Vaucluse/Le Comtadin, et nationale par La Croix, en plus des quotidiens déjà cités plus haut, qu'ils soient également remerciés pour leur soutien- Hubert Nyssen honorait Saint-Ruf de sa présence pour une causerie.
Sujet : " Nina de Saint-Sulpice ", comme se plaît à la nommer son découvreur... C'est ainsi que désormais nous l'appellerons, cette sacrée Nina Berberova surgie de l'au-delà par le charme d'un magicien des mots. Nous avons tous été " scotchés ", comme disent les jeunes ; subjugués, captivés, capturés par cet étrange prédicateur. Un vrai de vrai résistant, cet homme-là. Et si l'on comprend bien les homélies de nos prêtres de Saint-Ruf, Dieu n'aimant pas les tièdes, préférant ceux qui s'engagent, eh bien Il doit beaucoup l'aimer, ce mécréant-là ! Mais nous avons promis de ne pas le " récupérer " : Hubert Nyssen était là par amitié. Du reste monsieur le curé en l'accueillant avait donné le ton " Les trois évangiles synoptiques racontent qu'un jour où Jésus mangeait chez un homme pécheur, beaucoup disaient " Mais que fait-il chez cet homme-là ? " Il se peut qu'à votre tour, monsieur, vous en étonniez plus d'un : " Hubert Nyssen est à Saint-Ruf ! Mais que vient-il faire là ? " Me permettez-vous de donner la même réponse que celle de Jésus ? " Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades ". Aujourd'hui, je le crois vraiment, c'est pour vivre mieux que beaucoup parmi nous désirent vous entendre.
Emportées par l'élan du coeur, les mains n'en finissaient plus d'applaudir cet orateur exceptionnel dont les subjonctifs de l'imparfait coulent aussi naturellement que le présent et dont la voix envoûtante est capable de prendre n'importe quel accent pour peu qu'il vienne d'une contrée amoureuse, Chantal donc a eu bien du mal à lui remettre au nom de la paroisse -clin Dieu à l'article de l'écrivain dans l'Estello du Printemps 2003- une joyeuse céramique représentant la XVe station du Chemin de Croix : la Résurrection bien sûr, une œuvre artisanale réalisée par les Soeurs bénédictines de Sainte-Lioba en leur monastère de Simiane-Collongue (13).
A propos de comptes, dans quelle direction tourner notre gratitude ? Les 1 300 euros qu'il nous a permis de récolter ou les voies singulières où nous nous sommes envolés, suspendus à ses lèvres, ou bien vers cette fabuleuse leçon d'espérance et de foi en la vie : offrir à une dame de 84 ans la célébration et la reconnaissance enfin d'une œuvre unique, sans parler de sa " pêche " à lui, le fondateur d'Actes Sud -désormais conduit par sa fille Françoise Nyssen- récompensé par un Goncourt au bout de 26 ans ! Deux phrases d'hommage, pour mémoire : un commentaire2 sur son style : " Madame vous parlez des vaincus dans une langue de vainqueurs ! " ; à Bernard Pivot qui, fasciné par Nina Berberova lors d'un mémorable Apostrophes, disait " Vous êtes un roc ! " la dame avait répondu " Non monsieur, je suis un fleuve ! "
Pour une fois les absents grâce à Radio Lumières n'auront pas tort : Monique Durand a interviewé Hubert Nyssen avant sa causerie et enregistré celle-ci, que nous entendrons prochainement sur les ondes. Le Dauphiné Libéré/Vaucluse Matin sous la plume de Dany Clair a rendu compte de cette soirée exceptionnelle et vous pourrez bientôt admirer les photos de nos reporters de service : Chantal Christin bien sûr, et Simone Aurard, Mireille Bardoc, Michel Salmon...

2 décembre 2004 : un conseil d'administration en bonne et due forme pour l'Apoc
Jean-Jacques Hanriot et Alain Puig sont reconduits respectivement comme président et trésorier ; Denise Maurin devient trèsorière-adjointe ; Colette Goubert démissionnaire du poste de secrétaire est remplacée par Anne Camboulives et rejoint la commission Art sacré. Pas de changement pour les autres " postes ", présentés à l'Assemblée générale, dont le compte rendu est affiché au centre paroissial, l'élément important étant la modification du nom de l'association, adoptée à l'unanimité à l'assemblée générale, orgue devenant organisation et l'arrivée d'un nouveau membre, Joseph Seimandi (le commissaire-priseur des enchères !). Au cours de ce CA nous avons pu admirer les très belles affiches " Dimanches de Saint-Ruf " conçues gracieusement par notre homme-orchestre Bernard Tillet et réalisées tout aussi gracieusement par l'imprimerie Idéogram route de Montfavet et ce tout au long de l'année pour chaque DSR. Un grand merci à eux aussi, et à Suzy Bonet le bon ange intermédiaire.
ET VIVE SAINT-RUF !

 

Jean Paul DELORME, diacre permanent par Lucien Aurard

Trois ordinations diaconales le 12 décembre à Avignon ! Le diocèse d'Avignon compte désormais vingt et un " diacres permanents ". Deux sont célibataires, les autres sont mariés et père de famille. Le plus âgé est né en 1923, le plus jeune, en 1964. Ils ont une moyenne d'âge de 64 ans. L'un des nouveaux ordonnés, Jean Paul Delorme, est de Saint-Ruf. Né, à Avignon, le 14 février 1950, il y reste toute son enfance et pendant toutes ses études secondaires. Sans doute attiré par l'enseignement, il entre, à Aix en Provence, en faculté d'histoire et passe une maîtrise de géographie. C'est pourtant à France Télécom qu'en définitive se déroulera toute sa vie professionnelle. Il est à la retraite depuis quelques jours seulement.

Mais qu'est-ce qu'un diacre ? Le mot vient du grec diakonos et veut dire serviteur, assistant. Ils sont plus de 30.000 dans le monde et près de 1800 en France. En 1964, deux ans après l'ouverture du Concile Vatican II, les évêques travaillent à la rédaction d'un texte d'une force étonnante qui commence par les mots Lumen Gentium. Dans ce texte fondamental l'Eglise renonce à donner d'elle-même une définition exclusivement juridique, hiérarchique et institutionnelle. Elle se présente comme un peuple rassemblé par Dieu (mais ne le possédant pas), communautaire, organisé, où chacun a une responsabilité, tendu vers un avenir de rencontre avec Dieu. C'est dans ce contexte que les évêques rétablissent le diaconat comme un état permanent dans l'Eglise, alors qu'il n'était plus, depuis longtemps, que l'ultime étape avant l'ordination sacerdotale. Pour le concile, il y a une distinction entre le sacerdoce presbytéral (le prêtre) et le ministère diaconal. Ce n'est pas une question de rang (on ne monte pas une marche entre le diaconat et le presbytérat, pour en monter une autre entre le presbytérat et l'épiscopat) mais de nature. Le diacre se rattache directement à l'évêque alors que le prêtre entre dans une collégialité que l'on appelle le presbytérium. D'ailleurs, pour bien signifier cela, l'évêque est le seul à imposer les mains au nouveau diacre, alors que tous les prêtres présents à une ordination sacerdotale imposent les mains au nouveau prêtre. En fait, ces retrouvailles avec le diaconat des premiers siècles de l'Eglise s'appuient sur un texte de saint Hyppolite que le concile traduit ainsi : " Au degré inférieur de la hiérarchie, se trouvent les diacres auxquels les mains sont imposées " non pas en vue du sacerdoce mais en vue du service ". Fortifiés en effet par la Grâce sacramentelle, ils servent le peuple de Dieu dans la diaconie de la liturgie, de la parole et de la charité, en communion avec l'évêque et son presbytérium "

Le diacre, visage d'une Eglise au service des hommes. C'est dans ce sens résolument missionnaire que les évêques français interprètent l'intuition du concile. Aujourd'hui le diaconat permanent, toujours un peu méconnu, a pourtant bien pris corps dans la plupart des diocèses et dans la conscience de l'Eglise de France. Le dossier sur le diaconat du journal La Croix4 fait remarquer qu' " extérieurement, rien ne les distingue de ceux avec qui ils vivent, de ceux avec qui ils travaillent, de ceux au milieu de qui ils sont diacres. Parfois, ils arborent une discrète petite croix sur leur chemise ou au revers de leur veste. A l'église, revêtus d'une aube et d'une étole en diagonale sur l'épaule, ils assistent le prêtre à l'autel, célèbrent les baptêmes et les mariages, président les funérailles ... ". Hommes parmi les hommes, les diacres sont un des beaux visages de l'Eglise d'aujourd'hui. Ils sont signe d'une Eglise qui choisit de s'ouvrir à l'histoire du monde et qui n'a pas peur de rejoindre les hommes là où ils sont, là où ils vivent. Parfois en plein vent, parfois dans la tempête. Parfois dans le calme et la paix. Toujours au grand large, là où se trouve la force de la vie.

 

Un 2ème article : Un havre de paix : le monastère bénédictin de Sainte-Lioba à Simiane-Collongue (13) par Anne Camboulives
La rentrée avec son cortège d'obligations et de bonnes résolutions est déjà loin, comme d'ailleurs le bénéfice des vacances -quand il y en a eu, certains ne peuvent pas partir. Donc outre la fatigue, les sollicitations sociales, professionnelles, familiales, domestiques (stop !) ont vite raison de notre enthousiasme même, et peut-être surtout en cette riche période de Noël. On ne peut pas se laisser abîmer comme cela n'est-ce pas ? C'est pourquoi certains partent régulièrement : ils se retirent momentanément de leur quotidien, et pour rien au monde ne renonceraient à ce temps de recueillement, dans un monastère par exemple.

Ces lieux saints ont la cote d'ailleurs, même dans un milieu qui n'est pas particulièrement pratiquant. Sans doute y a-t-il une bonne raison à cela ? Mais où aller, de préférence près de chez soi ? Notre cher Hervé d'Anselme un jour nous a parlé d'une abbaye de Bénédictins et Bénédictines, discrètement nichée dans la campagne marseillaise. Nous sommes allés voir...
Voici, frères, que dans sa bonté le Seigneur nous indique le chemin de vie (Prologue de la Règle de Saint Benoît). Cet ancien monastère bénédictin actif en 1056 attira la communauté bénédictine de Sainte Lioba3 qui s'installa à St Germain en 1966. Sa fondatrice Hildegarde Michaelis (1900-1982) était originaire de Hollande. Les activités de cette communauté sont la prière, la méditation, la lecture et le travail manuel.

Comme une récompense, un encouragement, le soleil tout à coup a percé, illuminant d'une sublime clarté la chapelle sobre et belle -pas ancienne, pas romane, mais de proportions harmonieuses. Tout de suite opère ce petit miracle du ton juste. Les roseaux en se balançant sous la brise vous saluent, les arbustes froncent les yeux en dodelinant de la branche, c'est gai. Apaisement devant ces gestes lents et sobres de l'officiant, objets d'une grande et belle simplicité artisanales. Psaumes doucement accompagnés d'une aérienne cithare -une vraie, pas un enregistrement ! Les Bénédictins rayonnent dans leurs belles robes blanches au capuchon pointu. Les moines sont d'immenses gaillards et les moniales des femmes au maintien altier, dans leur simplicité sans artifice.

Frères et Sœurs -ils ont chacun leur monastère et se retrouvent pour prier ensemble- sont tous des artistes : tissage, poterie, sculpture, peinture... En face de " l'hôtellerie ", qui accueille pour une somme modique toute personne qui éprouve le besoin de se recueillir quelque temps (pas plus de dix jours), se trouve une boutique lumineuse où l'on peut acquérir le fruit de leur travail : vêtements liturgiques tissés à la main, tentures en batik, peintures, céramiques, objets divers -de culte ou plus quotidiens- poteries modestes et pleines d'Esprit, cartes postales réalisées d'après leurs travaux...

Alentour tout est invitation à la promenade : la terre humide, l'odeur des arbres, l'absence de déchets ou de mégots dans ces bois sereins... ce cadeau de paix, de silence et de beauté va bien au-delà de toute attente : dans les cellules, petites chambres de nonne simples où il ne manque rien, on peut à loisir se recueillir, lire ou prier, à moins que l'on préfère se rendre dans le petit oratoire, tout de sobriété lui aussi. A table où les mots sont voués au silence, on se restaure en musique : chants yiddish, d'Europe de l'Est ou du Nord...

Hildegarde Michaëlis a entretenu une abondante correspondance, dont des extraits sont à disposition. Feuilletons quelques pages... Le 11 février 1951 : " J'aimerais bien vous faire comprendre à toutes deux que l'amour saisit tout, comprend tout, n'attend rien des autres et que tout ce qui ne va pas vient de nous-même (...) " Le 15 mars de la même année : " Il ne suffit pas que l'homme désire, il doit aussi encore pouvoir réellement poser l'acte de sa propre volonté. Poser un acte demande un grand amour, une grande confiance et de même une grande humilité (...) ". Le 8 juillet : " Père, rends-la forte, qu'elle désire pour Toi tout supporter, pour pouvoir porter aussi avec ton Fils d'être abandonnée de tous et de tout, qu'elle soit prête à aller le chemin de la croix pour parvenir ainsi à l'exaltation et à la joie éternelle (...) ". Le 28 novembre : " Salue tout de ma part, le pays et les mers et les étangs et Hambourg et tout ce que mes jeunes années ont cherché, souffert et aimé (...) Et maintenant c'est si bon : je me sais dans la main éternelle, si je ne me retire pas moi-même de la prévenance de cette bonne main (...) ".
Ceux qui le souhaitent peuvent contribuer financièrement à la poursuite de leur œuvre, par des dons ou en adhérant aux " Amis de Sainte-Lioba " dont la prochaine assemblée générale se tiendra le 23 avril 2005.

Coordonnées : Abbaye sainte Lioba 13109 Simiane Collongue. Tél : 04 42 22 60 60. Fax : 04 42 22 79 50. Courriel : benedictins@lioba.com - Depuis peu on peut rendre visite à leur site Internet : www.lioba.com.

Comme un petit hameau provençal, le monastère est un ensemble de petites maisons juxtaposées, emboîtées les unes dans les autres : oratoire, réfectoire, ateliers de tissage, de poterie, cellules, hôtellerie.

 

La paroisse St-Ruf a l'immense bonheur de se voir offrir des œuvres contemporaines.

Après la Cène de Pierre JOURNAU, que nous admirons sur le mur du fond de notre église, le peintre Francis CERA nous offre un immense pastel intitulé " Le Prophète " qui y trouvera, aussi, bientôt sa place, nous espérons une belle place.

Mais ce n'est pas tout, un autre magnifique cadeau nous est fait à la veille de Noël : le pastel " Chanteur d'étoiles ". Beau présage quand on sait qu'une étoile fut l'annonciatrice de la venue de Jésus sur terre.

D'autres tableaux plus figuratifs nous font pénétrer dans l'univers du peintre. Venez les découvrir dans une salle du centre paroissial à laquelle le Père AURARD a donné le nom de "Salle Francis CERA". Un bien petit remerciement pour des dons si généreux.

 

Un 3ème article : Rencontre avec.... Francis CERA... De l'ombre à la lumière par Margot Gept
Tableau de Francis Cera

Une sensibilité à fleur de peau, des convictions fortes, tel m'est apparu Francis CERA, dans le capharnaüm de son atelier. Il faut dire, que lorsque je l'ai rencontré, il préparait son déménagement.
C'est à Belle-Île en Mer qu'il a choisi de vivre dorénavant. Une décision que des circonstances de la vie l'ont poussé à prendre. C'est un nouveau départ, en relation directe avec la peinture, qu'il envisage avec sérénité et qui lui permettra, dit-il, de " construire l'autre côté du pont ".

On est surpris, en regardant ses travaux, de voir le chemin parcouru. En effet, pour Francis CERA, la peinture est le fruit d'un long cheminement intérieur. D'une période sombre qui traduit une enfance douloureuse (qu'il a mis 40 ans à sublimer) il nous propose aujourd'hui une vision colorée et lumineuse de son monde intérieur. C'est dans le Seigneur qu'il puise son inspiration " C'est Lui qui m'a tout donné, c'est Lui qui me guide ".

C'est encore le Dieu Créateur qui lui inspire ces grandes toiles où le cosmos nous apparaît dans un flamboiement de couleurs. Dans " Le Prophète ", une très subtile alchimie de formes suggérées et de tonalités violentes viennent se fondre dans un creuset de lumière, à l'image, peut-être, des scories qui encombrent notre âme et qui ont besoin de brûler pour se purifier. D'autres y verront l'avènement d'un monde glorieux. A chacun son interprétation, dit-il.

Francis CERA, quand il le peut, travaille très vite. Le pastel, qu'il a choisi, lui permet, mieux qu'une autre technique de donner libre cours à son imagination. C'est toujours un monde mystérieux dans lequel il nous entraîne, que ce soit par le combat que se livrent l'ombre et la lumière ou par une harmonie de couleurs menant à la rêverie.

Francis CERA se considère comme un passeur. Il voit l'aboutissement de sa peinture dans le don et le partage. Sa carrière d'enseignant ne l'a-t-elle pas amené à partager son savoir avec les enfants dont les peintures l'ont souvent émerveillé. Eveilleurs de dons, il compte le rester à Belle-Île.

Le contraste sera grand pour ce méridional aux ancêtres sardes, espagnols et languedociens. Nous souhaitons que " la mer aux reflets changeants " lui apporte ce renouveau dont tout artiste a besoin.

 

En parcourant nos quartiers et nos rues - 16
par Michel Hayez

DES HOMMES ILLUSTRES (suite)

    Tout a commencé avec la découverte d'un feuillet ni daté ni signé conservé dans un dossier diocésain déposé aux Archives départementales (25 J 13). Le voici: " L'ancienne fabrique d'allumettes au quartier St-Ruf à Avignon fut achetée à la préfecture par Mgr Dubreuil. Plus tard, il la revendit à M.Michel aux mêmes conditions qu'il l'avait achetée. Il se réserva la jouissance de la chapelle ainsi que le passage sous l'allée de platanes pour y arriver jusqu'à l'époque où une nouvelle église pour la remplacer serait érigée dans le quartier; pour cela faire, il y laissa une somme de 1400 francs sans intérêts, somme qui reste due à ses héritiers mais qui ne peut être payée comme l'acte de vente le porte que quand la nouvelle église sera faite. En attendant, la dite chapelle devait être érigée en paroisse. Mgr Dubreuil demanda l'avis du conseil municipal qui en donna un favorable, de même que celui des paroisses Saint-Didier et Saint-Agricol, les deux seules intéressées dans cette division. Tous les papiers ou pièces nécessaires sont entre les mains de M.Sermand, grand vicaire. Mgr n'attendait qu'un voyage qu'il devait faire à Paris pour les porter lui-même afin de n'éprouver aucun retard, certain qu'il était d'avoir immédiatement l'acceptation du ministère "
Il esr donc clair que Mgr Louis-Anne Dubreuil (l'orthographe Dubreil est aussi usitée), archevêque d'Avignon de 1863 à sa mort, le 13 janvier 1880, avait l'intention de créer une paroisse, au besoin à partir de la simple chapelle qu'il avait fait construire: il était bien conscient de l'augmentation croîssante des âmes de cette banlieue sud que peuplaient cheminots, commerçants, artisans, voyageurs de commerce attirés par l'arrivée du chemin de fer Paris-Lyon-Méditerranée.
    Nous savons que le ressort de notre paroisse avait au moins compris comme lieux de culte l'antique abbaye de Saint-Ruf et à l'opposé, une chapelle sous le nom de Champfleury liée au cimetière des pestiférés de 1348 et où l'on se rendait depuis la ville intra-muros par la porte Saint-Roch. Mais voilà qu'apparait cette chapelle Ste-Anne bien plus récente et néanmoins disparue.
    Mgr Dubreuil, né à Toulouse en 1808, occupa une place importante dans l'épiscopat du Second Empire. Lauréat des Jeux floraux de Toulouse, il avait été dans cette ville aumônier du pensionnat où fut élevée Eugénie de Montijo, future impératrice. Attiré dans son diocèse par l'évêque de Montpellier, il était présenté au garde des sceaux comme " le seul prêtre gallican de son diocèse ". Aussi, nommé évêque de Vannes (Morbihan) en 1861, il eut des difficultés avec les ultramontains et les légitimistes. Archevêque d'Avignon, il encouragea le pèlerinage de Lourdes et inaugura l'Oeuvre des cercles catholiques. Il retourna dans son précédent diocèse en septembre 1872 pour bénir aux côtés de l'évêque de Vannes, le nouveau sanctuaire de Ste-Anne d'Auray. Par lettre pastorale du 26 juillet 1877, il exprimait encore sa joie d'annoncer le " couronnement " de Ste-Anne d'Apt et de participer à la fête le 8 septembre suivant. Il est donc plus que vraisemblable qu'il choisit par prédilection le nom de la mère de la Vierge pour la chapelle qu'il faisait construire. Le rocher des Doms avait porté très anciennement et à proximité de la cathédrale et du château et fort St-Martin une chapelle Ste-Anne, disparue depuis fort longtemps.
    L'occasion du choix d'un terrain se présenta en 1876. " Au coin de la traverse des Deux routes et du chemin conduisant au moulin Notre-Dame, au clos de St-ruf ", s'étaient installés en 1856 les époux Félix, maçon (entrepreneur), qui avaient fait construire, et d'autre part les époux Perrot. Isaac Mossé Lisbonne avait acheté ces biens aux uns et aux autres en 1866 et 1867 (partie du fonds Perrot) et obtenu le 12 juillet 1867 l'autorisation de la préfecture pour y créer une fabrique d'allumettes chimiques.
N'avaient pas été retenues les objections exprimées lors de l'enquête administrative notamment par Pierre Perrot et l'avocat parisien Faure-Beaulieu, celui-ci au droit du maçon Félix. L'avocat avançait, outre les nuisances occasionnées par une telle fabrique, la dépréciation de son terrain à bâtir. Lisbonne était le gendre du fabricant Lyon et sa fille Rachel avait épousé un Abraham Mossé Lyon . " L'établissement le plus important (comme manufacture d'allumettes) et le plus ancien puisque cité en 1838, est celui de Lyon fils à Avignon "; il employait huit ouvriers en 1872 (J.P.Locci). La démarche positive de Lisbonne dans l'été 1867 avait-elle pour effet de développer la fabrique Lyon? Je ne puis conclure par la superposition topographique de ces établissements. Mais la loi du 2 août 1872 attribua à l'Etat le monopole de l'achat, de la fabrication et de la vente des allumettes chimiques; des indemnités étaient servies aux fabricants et dans le cas présent, l'administration des domaines représentée par le préfet, avait acheté le 19 février 1874 le domaine qui nous intéresse. Dès sa mise à l'encan, le 9 septembre 1876, Mgr Dubreuil l'achetait pour 7100 francs, à savoir " l'immeuble ayant fait partie de la fabrique d'allumettes Lyon, 16 ares (16 ares 85 centiares est-il précisé lors de sa revente), avec maison d'habitation, jardin fruitier, jardin d'agrément, atelier et petite écurie ". L'opération de l'archevêque n'avait eu pour but que de mettre en chantier la construction de la chapelle. Le 15 décembre 1877, il revendit la propriété pour la même somme mais cette fois avec " une chapelle en construction servant jadis d'atelier ". L'acquéreur, François Michel, gendre Bent, était en relations d'affaires avec l'archevêché comme marchand-fabricant d'ornements d'église et de broderies, et son magasin, place de la Principale, vis-à-vis des Pénitents blancs, occupait le bel hôtel classique Joannis de Verclos, qui garde encore aujourd'hui sous la forme d'une enseigne peinte la trace de cette affectation commerciale. Dans cet acte de vente, reçu par les notaires Michel Beaulieu et Coste, l'archevêque se réservait la disposition de la future chapelle " jusqu'au jour seulement où une autre chapelle ou église paroissiale aura été érigée sur le quartier de St-Ruf ", le seul accès se faisant par l'allée de platanes qui y aboutissait.
    Décédé le 13 janvier 1880, Mgr Dubreuil léguait par testament du 10 avril 1875 de nombreuses rentes aux cathédrales où il avait siégé, mais aussi à des hôpitaux et bureaux de bienfaisance, sans oublier le sanctuaire de Ste-Anne d'Auray. L'absence dans ses libéralités de la future chapelle du quartier St-Ruf laisserait entendre que le projet de création paroissiale n'était pas encore bien mûr.
    Quoiqu'il en soit, la chapelle Ste-Anne a bien existé et un état des " chapelles non autorisées " dressé par la préfecture vers 1903-1905 relève que " l'autorité diocésaine avait demandé, d'accord avec la fabrique de l'église St-Didier, l'érection en chapelles de secours de ces deux chapelles des Pénitents gris et de Ste-Anne à St-Ruf mais cette démarche n'a pu aboutir parce que la fabrique n'est pas propriétaire des chapelles ". Il est précisé que le culte était assuré par l'aumônier des Trinitaires.
    L'avis favorable du conseil municipal mentionné dans la note manuscrite du début, n'a pu être retrouvé, les registres de délibérations consultés pour la période 1862-février 1882 restant muets sur le sujet.
    Notre bulletin paroissial obligeamment consulté de 1928 à 1945 par Mireille Bardoc, fait apparaître que les retraites de première communion pour les garçons et les filles s'y déroulaient successivement durant trois jours, favorisées par l'existence du parc ouvert par la famille de Boudard, propriétaire du domaine. Celui-ci se trouvait à l'intersection du chemin du Moulin Notre-Dame et de l'avenue de la Cabrière, où se dressent aujourd'hui un immeuble collectif et une supérette. Je ne puis tenter ici de reconstituer l'histoire de cette propriété, mais il serait agréable à notre Père curé et à l'équipe de rédaction de l' " Estello " de recevoir témoignages, souvenirs, photos peut-être, sur la chapelle disparue .Soyez-en remerciés d'avance.

 

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