n° 221 Hiver 2002

 

L'Edito par Lucien AURARD

 

I

Le 25 décembre à minuit !
La première année de l'ère chrétienne, au milieu de la nuit, dans le froid de l'hiver, à Bethléem, Jésus naît dans une crèche. Marie, sa mère, le couche dans une mangeoire entourée d'un âne et d'un bœuf. Aussitôt les bergers prévenus par les anges accourent tandis que Gaspar, Melchior et Balthazar, trois rois mages, voient une étoile, la suivent et arrivent, le 6 janvier, jour de l'Epiphanie, auprès de l'enfant Jésus. Ils l'adorent et lui offrent de l'or, de l'encens et de la myrrhe. C'est l'histoire du premier Noël. Nous aimons bien cette histoire. Le seul problème, c'est que ce n'est pas vraiment ce que nous racontent les évangiles. Dans saint Mathieu ou dans saint Luc qui sont les seuls à nous parler de la naissance de Jésus vous ne trouverez rien sur l'âne et le bœuf ou sur le nom des mages. Les "récits de l'enfance " ne disent rien non plus sur la date et sur l'heure de la naissance de Jésus. Surtout il ne faut pas en être dérouté. Le peuple chrétien, au contraire, à travers ce qu'il vit et ce qu'il dit de la fête de Noël, montre qu'il a bien reçu le message des évangélistes : C'est la Résurrection qui est le centre. C'est Pâques qui ouvre notre histoire. Regardez :

II

.- La lumière pascale. Le Christ déchire nos ténèbres. Il est la lumière du monde.
Quelle fut la date de la naissance de Jésus ? Personne ne le sait véritablement mais au début du 4ème siècle, le pape Sylvestre 1er invite les chrétiens à fêter la naissance de Jésus le 25 décembre. Parce que c'est le solstice d'hiver. La nuit a fini de s'étendre et le jour commence à prendre le pas sur la nuit.
- Pâques, victoire de l'humanité. Le bien l'emporte sur le mal. La vie est plus forte que la mort. Toute la tradition juive, nourrie des grands prophètes, est dans cette dynamique. Isaïe, en particulier, fut un héraut merveilleux de l'humanité et de la bonté de Dieu. Et bien, notre bœuf et notre âne nous viennent tout droit d'une prophétie d'Isaïe : " Le Bœuf a connu son maître et l'âne la crèche de son maître ". Dans les crèches de nos églises et de nos maisons, grâce au bœuf et à l'âne, au berger et au ravi, au boumian et au gendarme, il y a beaucoup d'humanité. La théologienne protestante France Quéré aimait dire : " Une sacrée chance ! Plutôt que d'aller à l'hôtellerie, peut-être bondée et impropre à un accouchement ... une mangeoire c'est merveilleux avec le bœuf et l'âne, et puis on est seul, la solitude est préservée. "

III

- Christ est ressuscité. A lui gloire et louange pour les siècles des siècles. Voyez nos rois mages. Avec l'or, ils reconnaissent en Jésus le roi. Avec l'encens, ils le regardent comme Dieu. Avec la myrrhe que l'on utilisait dans l'ensevelissement des morts, ils l'accueillent comme un frère en humanité.
- Savez-vous que la bûche de Noël, symbole du feu nouveau, nous rappelle le Christ mort pour nos péchés. Et dans combien de maisons de Provence, le jour de Noël, la table sera-t-elle dressée avec les trois nappes blanches superposées, représentant la Trinité ?

C'est Noël ! Surtout si ce n'est pas facile en ce moment, si vous êtes fragiles, désarmés, blessés, je vous souhaite de vivre Noël habités de la foi pascale et sûrs de la tendresse de Dieu.

 

Un article : Bientôt 100 ans par Anne Camboulives

A I.occasion du prochain centenaire (mais si! 2012 c.est demain) de I.église Saint-Ruf, il nous a paru opportun d.aller demander à Lucien Aurard le curé de la paroisse de quelle façon on pourrait fêter I.anniversaire de cette "vieille dame" comme l'ont appelée si joliment Colette et Denise.

I

Père Aurard, certes un centenaire ce n'est pas rien, mais ce projet autour de notre église de St-Ruf semble vous tenir très à cmur, pourriez-vous nous en parler un peu ?
En effet, je suis très touché par toute cette vie autour de Saint-Ruf. Savez-vous que c'est là, à quelques pas, près de l'abbaye, que s'est installée la 1ère communauté chrétienne à la fin du Ille siècle ? Peut-être parce que c'était la route romaine, celle d'Arles, c'est en tout cas par là qu'on entrait dans l'agglomération d'Avignon, petite à l'époque mais déjà un lieu de vie
Important. Intéressant, oui... mais c'est le passé! Et aujourd'hui ?
Saint-Ruf a vraiment une spécificité: c'est un carrefour de sensibilités. Milieu rural au départ, ce caractère est toujours présent, même si cela concerne une minorité. On y rencontre aussi bien ce qu'on appelait autrefois les notables, comme des médecins ou des avocats (on y trouve aussi des cliniques) que des "petites gens", des Français d'origine aussi bien que de Gitans, ou des Arabes. Ce qui en fait un repère attachant pour nombre de gens; en tant que curé j'entends souvent dire, notamment pour les funérailles "J'aimerais que ça se passe à Saint-Ruf". C'est un lieu de racines profondes, qui fait référence à une histoire ancienne.

II

Le bruit court d'un projet fou qui concernerait un nouvel orgue...
Pour ce qui concerne l'orgue, l'origine de ce projet remonte à notre Patrice Lorin d'organiste... Depuis longtemps il me demandait quand nous mettrions l'orgue en tribune ? Cela paraissait démesuré! Puis de fil en aiguille, je me suis posé la question. "Pourquoi pas ?" Puis "Pourquoi pas une ceuvre d'art ?". Il ny a pas de vie sans projet artistique, et on ne peut parler d'art que si on retrouve la vie derrière. Nous devons donner sa place à l'art si on peut, car c'est une façon de rendre compte de la vie. Regardez tous ces chefs d'ceuvre qui nous viennent du passé, comme ils sont vivants, et comme ils témoignent...
N'oublions pas que Celui qui vit sans folie n'est pas aussi sage qu'on le croit. Après tout vous savez, nombreux ont été ceux qui trouvaient complètement fou Jean XXIII: à 78 ans, les embaruer dans un concile, vous pensez. ..Pourtant, qui aujourd'hui ne convient pas que ce fut un souffle fondateur ? Je ne me permettrais pas de comparer les situations, ni les hommes, mais je crois sincèrement qu'il faut lever les yeux au ciel! Voir grand, et beau. Est-ce si utopiste, ou témoigner de sa foi ?
Colette et Denise parlaient de donner un coup de jeune à une vieille dame...
Jolie expression! Oui, vous pensez bien que l'orgue n'est qu'une partie du programme, on ne saurait l'envisager autrement que dans un projet d'ensemble, respectueux de cette riche vie du quartier. Il s'agit donc de revisiter la toiture, nettoyer complètement les murs intérieurs aussi bien qu'extérieurs, achever le clocher, refaire à neuf l'éclairage et en point d'orgue, cette ceuvre d'art.
.

III

On peut imaginer que cela va coûter beaucoup d'argent.
E
n effet, car seules sont propriétés de l'État et donc entretenues par lui, les églises construites avant 19051. Or Saint-Ruf a été construite en 1912. Ce projet de rajeunissement est un pari sur l'avenir, et la meilleure façon de garder Saint-Ruf : renforçons notre église dans la place privilégiée qu'elle occupe en nos choeurs, et offrons-lui la chance de s'inscrire dans le patrimoine cultuel et culturel de notre belle ville d'Avignon.
Excusez-moi d'insister, mais l'orgue actuel... ?
Il est très bien! C'est ce que se sont exclamés en choeur les artistes aussi bien que le facteur d'orgues, que nous avons consultés. Lorsqu'il ya une vingtaine d'années on avait contacté des facteurs d'orgue pour le restaurer, certains avaient déclaré qu'il était tout juste bon a être mis au feu. Mais le frère André a choisi de le garder, en l'améliorant. Aussi je tiens à préciser que ce n'est en aucune façon pour remplacer notre orgue actuel, qui remplit très bien sa fonction et que nous garderons, mais pour créer une oeuvre d'art. Nous rentrons dans ce que certains pourraient qualifier d'inutile. Ils ont raison. Mais il faut dépasser le nécessaire pour rejoindre l'essentiel. Ou'est-ce que l'art ?
Mais vous personnellement, qu'en pensez-vous ?
Aujourd'hui, je suis passionné, après avoir été effrayé. Je suis persuadé que tous ces gens de Saint-Ruf et autour de Saint-Ruf, témoins de cette vie qui jaillit, auront à coeur, par leur enthousiasme et par leur aide d'honorer les anciens, ceux qui vivent aujourd'hui, mais aussi de laisser à ceux qui sont à venir une belle trace en terminant l'église, en la rajeunissant, et en la parant d'un joyau inestimable: comment doter mieux que par un bel orgue une église qui nous est chère ?
.

IV

Comment envisager-vous de vous y prendre ?
A
u-delà de l'enthousiasme sans lequel nous ne pourrions rien entreprendre, nous aurons besoin d'aide: il s'agit donc de mobiliser les énergies, et d'être suffi sa ment crédibles pour convaincre une banque de nous accorder un prêt. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé de réveiller l'association paroissiale de Saint-Ruf qui sera porteuse de ce projet, car nous n'avons pas le droit de mettre sur les reins de nos successeurs un programme qui les ruinerait. Elle pourra ainsi recevoir des legs, des dons, des subventions locales, régionales, nationales, européennes... Nous aurons besoin d'une caution, mais si Dieu le veut, nous la trouverons! De toute façon nous n'entreprendrons rien sans que soient calculés tous les risques et envisagées toutes les possibilités.
Et tout à fait concrètement, pour les lecteurs qui souhaiteraient se manifester ?
Surtout qu'ils le fassent! Vous êtes pour ce projet, déjà vous imaginez plein d'idées pour le promouvoir, faites-vous connaître. Il vous fait peur et vous avez envie de le critiquer, dites-Ie aussi, quels que soient les avis et même s'ils sont parfois contradictoires, c'est ensemble que nous avancerons. J'ai confiance. ..


"Aux innocents les mains pleines" ? se demande celle qui a recueilli ces propos. ...

Un article : Tout est nouveau ! Il n'y a que du neuf… par Hervé d'Anselùe
 

     Tous les ans « on prend les mêmes et on recommence » mais… comme le dit le livre de l'Ecclésiaste 1,9 « il n'y à rien de nouveau sous le soleil ». Rien ? Vous êtes sur ?
     Regardons autour de nous, du neuf et du bon, il y en a plein…
     Par exemple : Une nouvelle année liturgique vient de commencer, et je veux y voir la prévenance de Dieu et de l'Eglise qui constatant que l'année passée n'a pas été suffisante à ma « conversion » me redonne encore une année pour apprendre à mieux aimer.
     Et cette période de l'hiver dans laquelle nous allons entrer, n'est-elle pas un moment propice pour prendre les temps de vivre les « choses » de façon plus intérieure et profonde ?
     Et ce « sacré » denier de l'Eglise que je n'ai peut-être pas encore « payé » (vous savez, celui de cette année…), n'est-il pas l'occasion de me rappeler que je suis responsable de la vie de mon Eglise et que sans ma participation la « maison » va s'écrouler (peut-être pas à ce point là mais… « on » dormira mieux avec que sans !) ?
     Et ce pauvre bougre que je viens de croiser dans la rue où à la sortie de ma maison, ne pourrait-il pas devenir celui qui va me permettre, aujourd'hui, de rendre ma vie plus belle grâce au sourire que je vais lui faire ?
     En fait, du nouveau, il y en a toujours, et partout ! Les occasions de devenir meilleur et plus beau sont multiples. Il s'agit seulement de savoir si moi, ici, maintenant, j'ai envie que les choses changent. Tout est histoire de regard et je suis le seul à pouvoir décider de regarder du bon côté. Tirer du neuf à partir de l'ancien… rien n'est plus simple… il suffit de le vouloir et de décider que c'est possible.
     Vivre du nouveau en permanence… ce n'est pas toujours facile… mais encore faut-il vouloir croire que chacun (et chaque chose) est unique et irremplaçable.
     Et même s l'on y arrive pas à tous les coups, ce n'est pas grave, demain sera un autre jour qui me permettra de ré-essayer et, pourquoi pas, de changer de lunettes pour améliorer mon regard !

 

En parcourant nos quartiers et nos rues - 13 par Michel HAYEZ
. (suite)

I

Une avancée à l'ouest, rue des Dahlias, au tracé fort capricieux, nous permet d'évoquer (n°l) la mémoire du commandant Jacques Bousquet (1892-1990), qui, sollicité par le curé Marius Firmin pour "travailler" au Secours Catholique sur la paroisse, en devint le délégué diocésain de 1953 à 1974, aux côtés du Président Jacques Vernet et du Père Robert Chave, aumônier, coopéra vers 1960 à l'installation des Banatais à la Roque-sur-Pernes et réalisa notamment le Centre d'accueil des Franciscains pour les sans-logis rue Saint-André (1955), le Foyer des jeunes travailleuses comtadines rue Joseph Vernet (1956), la maison du Centenaire (des Apparitions de Lourdes) à Malaucène (1958), et toujours pour les personnes âgées, celle de Courthézon (Saint-Vincent, ouverte en 1976). Entre temps; avait été apporté le concours à la création du CCFD (1961) et construit le siège du Secours Catholique rue du Portail Magnanen (1971), qui engloba à l'origine le Foyer pour femmes seules, la "Sousto" ! Habita aussi la rue des Dahlias (n°8) en 1936, le peintre Eugène Pillot, né à Marseille en 1905 et qui travailla surtout dans son atelier d'Eguilles (Bouches-du-Rhône) ; vice-président du groupe "l'Atelier", il reçut le prix du Conseil général des Bouches-du-Rhône en 1956.

II

Enfin l'avenue des Lierres, au peuplement quantitativement stable avec 35 ménages vers 1921-1931, surtout composé d'employés des P.T. T. et du P.L.M. et de quelques militaires, demeura longtemps fermée à l'ouest, sans ouvrir sur l'avenue du Blanchissage. Si les belles maisons n'y manquent pas (derrière un jardin donnant au sud ou caractérisées par un harmonieux développement des façades mêmes sobres comme le n°7; un certain pittoresque dû à une tourelle d'angle surmontée d'un toit d'ardoise, villa "Venise" au n°27, d'inspiration cependant plutôt nordique), l'avenue est aujourd'hui marquée par deux immeubles collectifs, l'un massif, "les Lierres", l'autre de proportions plus équilibrées, "Monplaisir" sur l'avenue de la Violette. L'évocation du peintre Lina Bill (1855-1936) dont nous avons vu les débuts avenue Monclar (n°218 de l"'Estello", printemps 2002), en raison de la maison qu'il se fit construire au n°13, terminera notre promenade. Artiste très réputé, versant dans l'académisme et aux antipodes des impressionistes, dont "le pinceau méticuleux, la palette éclatante, caractérisent ses marines empreintes de sérénité" (R. Mérindol), Lina Bill, à l'état-civil Louis Bonnot, se vit confier par la municipalité l'achèvement de la décoration de la salle des fêtes de la mairie, en partage avec Grivolas, Flour, Chambon, Brun et Meissonnier, sous la forme de deux panneaux consacrés à la "peinture provençale" et à la "musique provençale" (conseil municipal du 19 octobre 1901)
Source: Recensements de population de 1911, 1921, 1931, 1936 ; annuaire de 1899-1900; annuaire téléphonique; J.-P. Locci, "Fonderies et fondeurs... en Vaucluse aux XIXème et XXème siècles", 1990; Alauzen, "Dictionnaire des peintres et sculpteurs", 1986; Raphaël Mérindol, "Le Groupe des Treize", 2000...

 

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