n° 213 Hiver 2000

 

L'Edito par Lucien AURARD

« Des temps nouveaux pour l’Evangile »

C’était le thème de l’assemblée des évêques à Lourdes. Un thème porteur. Un appel. A Lourdes, j’ai vu l’Eglise de France au carrefour des attentes et des expériences des hommes d’aujourd’hui. Une Eglise vivante et rayonnante qui sait que «la Parole de Dieu prend corps dans l’histoire des hommes et que nos chemins sont ceux de tous »(Mgr Billé). En cette fin (ou ce début) de millénaire, je suis profondément heureux que les circonstances et l’actualité, y compris les problèmes douloureux qui questionnent l’Eglise et tout homme, conduisent à des rencontres vraies, à l’écoute humble, à cette dignité retrouvée dans la beauté et la bonté du regard. Tout cela ne peut naître que chez des hommes qui ont fait l’expérience de la pauvreté et qui choisissent l’accueil et le partage. Les évêques, à Lourdes, étaient, je crois, dans cet esprit là. Les fruits, me semble-t-il, ne se font pas attendre. J’en prends deux exemples :

I II
Les divorcés remariés. Tout semblait désespérément bloqué. Et tout à coup, souffle un vent nouveau : Mgr Thomas dit dans le journal La Vie :   «Le « non possumus » (nous ne pouvons plus rien pour vous) me paraît excessif. La dureté réside dans cette réplique. L’Eglise peut pourtant modifier ce qu’elle a précisé dans le passé». Je cite encore Mgr Marcel Herriot, évêque de Soissons : « Que de fois je suis témoin de votre lutte intérieure, de votre volonté de vivre un amour mutuel profond et durable … Je suis témoin également bien souvent, du bonheur que vous voulez pour vos enfants ... de vos engagements dans la société et dans l'Eglise … Tous, frères et sœurs, divorcés remariés ou non, vous êtes membres à part entière de l’Eglise, de notre Eglise diocésaine». A l’aube de ce siècle nouveau le Christ ressuscité qui a confié l’Evangile à son Eglise continue à la pousser au large pour écouter, pour aimer et servir. Le « Dominus Jésus ». Un document qui est une mise en garde utile contre l’excès de certains théologiens qui relativisent la Révélation chrétienne. Il a été reçu avec tristesse et étonnement. Pourquoi ? Parce qu’il choque par son ton et son style. Il est une façon de parler qui fait taire la vie et enferme dans le passé. Dans ce texte, fourmillent des expressions telles que « est contraire à la foi », « on doit tenir fermement » ou « croire fermement ». Ce langage n’est plus le nôtre. Lorsque Jésus est interrogé sur le premier commandement, il répond : « Tu aimeras ». Le Concile nous a habitué à ce langage d’amour et c’est ainsi que nous aimons vivre en  Eglise.

Vous trouverez dans ce numéro de l’Estello notre communauté paroissiale « branchée » sur Internet avec Hervé qui aime dire Dieu et dialoguer avec le monde entier. Vous trouverez le groupe « Eh ! Change » qui cherche à voir et à entendre. Vous trouverez aussi une page d’histoire de notre paroisse au temps du père Firmin. Christ hier, Christ aujourd’hui, Christ demain. Ce temps où se lit notre histoire est le temps de l’Evangile.

 

Un article : Evangélisation et Internet ? par Hervé d'ANSELME

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Un autre article : Et le verbe s'est fait chair (Jn 1,14) par Jean ATTALI

 

I

Nous sommes, il y a 2000 ans. L'Ange du Seigneur a choisi le Saint des Saints, le sanctuaire du Temple de Jérusalem pour annoncer au prêtre Zacharie la prochaine venue de Jean-Baptiste. Le peuple est présent et, bien qu'il n'ait rien vu de la scène, il est conscient de l'importance de l'événement.

Six mois ont passé lorsque l'Archange Gabriel apparaît à Nazareth. Ici, tout est contraste avec la solennité de ce qui s'est passé à Jérusalem : tout est pauvreté, anonymat, dans ce modeste village galiléen, probablement ignoré de nombreux juifs.

Et puis, Nathanaël le dira : "Que peut-il sortir de bien de Nazareth ? " (Jn 1,46). C'est pourtant là que l'ange vient visiter Marie, une très jeune fille dont nous ne savons rien, sauf quelle est fiancée à un homme `juste " du nom de Joseph.

 

III

 

Les mois ont passé. Marie a conservé son secret. Accompagnant Joseph, elle arrive à Bethléem. Mais faute de place, l'auberge ne peut les accueillir. Faut-il voir dans ces circonstances la préfiguration de l'attitude qui justifiera la parole de Jean "Il est venu chez lui et les siens ne l'ont pas reçu" ou simplement la volonté de Dieu de situer la Nativité dans un contexte de total dénuement ? probablement les deux ! "Et Marie met au monde son fils premier né, l'enveloppe de langes et le couche dans une crèche "

II

La salutation qu'il lui adresse tranche avec sa modeste apparence et sa jeunesse. Il lui annonce que le temps de l'Accomplissement est venu et qu'elle sera l'instrument de sa réalisation. La réponse de Marie est déconcertante par sa simplicité et sa sérénité : "Je suis la servante du Seigneur qu'il me soit fait selon ta parole" Tout, dans cette courte phrase, est humilité, consentement à assumer son destin, si imprévisible soit-il, soumission à la volonté divine. De même que tout, dans cette scène, (le lieu, la confidentialité, la jeunesse de Marie) montre que la Sagesse de Dieu n'est pas celle des hommes.

IV

Mais voilà que, brutalement, la confidentialité de l'événement est rompue

- les mages venus d'Orient ont vu l'astre se lever et vont s'incliner devant l'enfant,

- l'ange du Seigneur annonce aux bergers "qu'un Sauveur nous est né dans la Cité de David"

Marie devra assumer, maintenant, sa condition de mère de Fils de Dieu. Hors de l'étable, le peuple, en joie, chante avec l'armée céleste "Gloire à Dieu au plus haut des cieux. Et Paix sur la terre aux hommes qu'Il aime

V

" Réjouissons-nous avec eux car : "Le Verbe va demeurer parmi nous" (Jn 1,14)

 

En parcourant nos quartiers et nos rues - 5 par Michel HAYEZ

Historiens et érudits

 

I

Le 6 février 1961, le conseil municipal procédait à la dénomination de voies dans les nouveaux quartiers sud-ouest, tendant à honorer des historiens et érudits. Le plus ancien était le chanoine Arnavon (1744-1824), qui mourut doyen du chapitre de Notre-Dame de Paris, ayant composé au long de sa vie Pétrarque à Vaucluse, Le Voyage à Vaucluse, Retour à Vaucluse. Dans ce même lotissement Quiot, réalisé par la société des Castors-Cheminots, donnérent leur nom à la voirie Fortia d'Urban (marquis François, 1756-1843), polygraphe, auteur d'Antiquités et monuments du département (1808), mais aussi d'études sur la Chine et d'éditions de Molière ; Pierre Charpenne (1810-1893), fonctionnaire de préfecture, qui raconta son Voyage au Mexique (1831) mais est surtout connu pour l'Histoire des réunions temporaires d'Avignon et du Comtat Venaissin (1889) ; Paul Achard (1811-1883, une avenue), qui fut l'archiviste du département jusqu'à la fin du Second empire, lança l'Annuaire administratif de Vaucluse, promis à une longue existence et dans lequel il rédigeait des articles d'histoire, auteur d'un Dictionnaire des rues d'Avignon à manier avec prudence (pour ne pas répéter des erreurs) ; Adrien Marcel (1848-1929), lecteur infatigable de documents qui lui permirent de rédiger les notices des hôtels aristocratiques de notre ville (nombreuses parues dans les catalogues illustrés de la foire de printemps, certaines dans l'annuaire de la société des Amis du Palais des papes) et de chaque rue (dictionnaire resté manuscrit) ; enfin André Hallays (18591930), journaliste durant quarante ans au Journal des Débats et qui pour n'être pas avignonnais n'en rédigea pas moins un charmant Avignon et le Comtat Venaissin (1909) où il pourfendait tous les actes de vandalisme. A la même date fut honoré (lotissement LOFOPA, entre le bd Gambetta et l'avenue des Deux routes) le chanoine Joseph Sautel (1880-1955), "inventeur" pour ainsi dire des fouilles de Vaison-la-Romaine, que certaines Avignonnaises ont connu par les cours d'archéologie qu'il professait à l'institution Sancta Maria de Villeneuve et par ailleurs au grand séminaire.

 

II

Au quartier de Champfleury, le conseil municipal associa le 29 mars 1966 Léon-Honoré Labande (1867-1939) et Joseph Girard (1881-1962). Le premier, membre de l'Institut, fut le conservateur de la bibliothèque municipale et du musée Calvet, publiant un magistral Palais des papes et monuments d Avignon au XIVe siècle (1925), achevant sa carrière comme conservateur des archives du palais princier de Monaco (Histoire de la principauté, 1934), non sans avoir fait paraître les Primitifs français... Provence occidentale (peintres et verriers du moyen âge et du début du XVIe siècle), 1932. Le second, Joseph Girard, fut conservateur aussi de la bibliothèque et du musée, puis du palais des papes ; son Évocation du vieil Avignon (1958) demeure un précieux vade-mecum.

Le 28 décembre 1966, ce fut le tour du Dr Gabriel Colombe (1859-1950) et du chanoine Henri Requin (1861-1917). Le Dr Colombe, prédécesseur immédiat au palais de Joseph Girard (jusqu'en octobre 1947), par ses travaux menés durant trente-trois ans et qu'il publiait sous la forme d'articles courts dans les Mémoires de l Académie de Vaucluse (vers 1911-1938), renouvela l'histoire de sa construction. Le chanoine Requin, archiviste diocésain, préparait par ses dépouillements gigantesques des minutes des notaires avignonnais, le terrain de ses successeurs en matière d'histoire de l'art ; il étudia aussi les faïences de Moustiers.

Depuis le 21 décembre 1990, à deux pas de l'église St-Joseph, Aimé Autrand (1892-1980) et Robert Bailly (1922-1988) ont chacun leur place. Aimé Autrand, fonctionnaire de préfecture, cultiva sa vie durant le goût des archives au point de classer, l'âge de la retraite arrivé, celles de la ville ; outre des études se rapportant au conseil général, l'ouvrage qui fit date fut le Département de Vaucluse de la défaite à la libération (1965). Menant une carrière de journaliste, notamment dans l'Accent, Robert Bailly, amoureux de sa ville, laisse de nombreuses et utiles publications, un dictionnaire des communes de Vaucluse (1961), des monographies de châteaux, chapelles, des souvenirs de la Libération et Avignon hors les murs (1967), qui nous ramène à notre propos...

 

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