n° 227 Eté 2004

 

L'Edito par Lucien AURARD
L'Estello de l'été arrive chez vous au temps de la saint Jean. Les jours sont les plus longs de l'année et la chaleur déjà bien installée. Ce n'est pas tout à fait le signal du départ en vacances mais déjà les jeux sont faits non seulement pour les scolaires et les étudiants mais aussi pour nos activités paroissiales. On peut faire les comptes, regarder les moyennes, comparer avec l'an dernier et surtout prévoir déjà la rentrée de septembre.




Cette année, chez nous, restera celle où nous avons lancé le projet du centenaire de Saint-Ruf. Les résultats sont forts encourageants : nous avons à ce jour 315 adhésions et 77 dons. Nous avons compté 649 entrées aux concerts et il y a 7861,08 euros dans la caisse de l'A.P.O.C. Toute l'équipe animatrice décide donc de continuer et même de se perfectionner. Au début de septembre, tous les adhérents recevront la première lettre de liaison pour les informer du chemin déjà parcouru et du programme de l'année à venir. En octobre, nous vous convierons tous à une rencontre festive pour lancer l'année et en décembre, nous aurons la première assemblée générale de l'A.P.O.C. La petite équipe qui a en charge "les dimanches de Saint-Ruf" a déjà bien des idées en tête et je puis vous assurer que ce qui vous sera proposé l'an prochain sera fort alléchant. Mais il faut nous laisser le temps des vacances avant de vous en dire davantage. En tout cas, le centenaire de l'église Saint-Ruf, grâce à vous, est un projet qui nous apparaît, aujourd'hui, comme tout à fait réalisable. Nous saurons, ensemble, rester en tenue de service.
Saint-Ruf, nous le savons bien, c'est beaucoup plus qu'une église et qu'une communauté chrétienne. Saint-Ruf, c'est tout un quartier d'Avignon qui connaît une belle vitalité. On me le redisait encore dernièrement, l'école publique du quartier s'appelle Saint-Ruf et les joueurs de pétanque se retrouvent sur ce qui reste de l'abbaye du XIIème siècle. Nous ne saurons jamais qui fut vraiment ce saint Ruf, mais quelle présence dans ce quartier ! C'est peut-être bien lui qui continue de nous rassembler sous sa houlette et, en bon berger, nous montrer le chemin qui s'ouvre sur demain.

 

Un article : Depuis la PENTECOTE, une PRESENCE si proche dans une PAROLE familière par Chantal Guillermain

Rappelons-nous l'événement que nous avons célébré le jour de la Pentecôte: un grand souffle enveloppe les Apôtres, un feu les pénètre...sans violence; tout leur être est touché, atteint jusqu'au cœur. Le fracas venu du ciel est entendu comme une "voix" et les langues de feu permettent le langage. "Ma Parole n'est-elle pas un feu?" disait Jérémie; cette Parole de feu habite les disciples de Jésus et l'Esprit Saint qui faisait parler les prophètes les rend aujourd'hui capables de dire "les merveilles de Dieu".
Comme jadis au Sinaï dans les éclairs et le vent de tempête, Dieu parle; mais ici, Dieu ne parle pas" du milieu du feu"; il parle par ces Galiléens. Mieux encore, à Jérusalem, Dieu se fait entendre de tous les hommes de la terre et dans leur propre langage, dans leur langue maternelle; car ils sont là tous ensemble, venus des confins du monde connu, les Parthes, Mèdes et Elamites...les Crétois et les Arabes.
Parler la langue d'un autre c'est trouver une nouvelle proximité avec celui-là. A Jérusalem, chacun de ces étrangers est rejoint par la Parole prononcée par les disciples; ces étrangers n'ont donc pas à quitter leur espace natal; ils n'ont pas à s'expatrier de leur langue maternelle puisque la Parole de Dieu vient à eux. Le Seigneur a choisi cette façon de se faire proche de chacun, de venir ainsi à leur rencontre. Certes, les dialectes différents subsistent; tous ces Juifs parlent toujours les langages des nations païennes, mais ceux-ci n'ont plus le caractère des langues étrangères qui séparent les peuples et les rendent étrangers l'un pour l'autre; la barrière de la langue est tombée. La parole prononcée est accueillie; l'Esprit Saint fait parler et entendre, il est ce prodigieux agent de communication (de communion) dont rêve notre temps !
Et que dit cette Parole: "nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu !" Quelles merveilles? Pierre les raconte à tous les gens accourus auprès des disciples dans un long discours: la merveille, leur dit-il, concerne Jésus de Nazareth, cet homme qui a manifesté la bonté de Dieu par des signes étonnants en faveur de tous ceux qu'il côtoyait; il a été mis à mort injustement mais Dieu ne l'a pas abandonné au pouvoir de la mort, il l'a ressuscité car Jésus, le Crucifié, est son Fils; et par lui, le Père a accompli sa promesse, depuis longtemps chantée par les prophètes, en donnant l'Esprit Saint. C'est ce baptême de feu que vous avez vu, et vous avez entendu ce grand Souffle qui a touché nos lèvres pour y faire éclore sa Parole.
Merveille encore ! Cette Parole qui atteint au plus intime du cœur, qui rassemble et relie les hommes, cette Parole porteuse de la Bonne Nouvelle au sujet de Jésus est aussi porteuse de sa présence... En effet, le même Esprit couvre, en ce jour, de sa puissance les Apôtres comme il a couvert naguère Marie de Nazareth: "L'Esprit viendra sur toi, la puissance du Très Haut te prendra sous son ombre..." (Lc 1,35). De ces mots annoncés par l'ange Gabriel Jésus s'est fait l'écho: "vous recevrez une puissance, le Saint Esprit venant sur vous... vous serez alors mes témoins à Jérusalem...et jusqu'aux extrémités de la terre." (Ac1,8). Comme Marie est devenue la mère de Jésus par l'action de l'Esprit, ils deviennent ses témoins; comme elle a porté Jésus en elle et l'a mis au monde, dans son être de chair conçu de l'Esprit Saint, ils le mettent au monde, dans son être de Ressuscité, sous le signe de cette Parole inspirée du même Esprit. Un même mystère de Présence, une merveille de proximité: Dieu au milieu des hommes. En Jésus, Dieu s'est fait homme, le Seigneur s'est fait tout proche et son Esprit le garde au plus près du cœur des hommes; lorsqu'ils reçoivent sa Parole, ils accueillent sa Présence.
Ainsi la Pentecôte "clôture" - c'est le nom hébreu de cette fête - Pâques. Pentecôte porte à son accomplissement suprême la Pâque de Jésus Christ. Le Crucifié vit pleinement de la vie de Dieu; le Ressuscité, assis à la droite du Père, est le SEIGNEUR.. Mais Jésus s'est fait si proche en venant chez les hommes, il ne peut vouloir s'en éloigner ! Et comme rien n'échappe à l'ardeur du soleil qui est au ciel, rien ne peut désormais échapper à l'ardeur de la présence du Seigneur Jésus, il est monté au plus haut des cieux pour nous baigner de sa lumière et nous embraser de sa présence, jour après jour.
C'est sa présence que nous acclamons dans l'Evangile:
"Louange à toi, Seigneur Jésus ".

 

La formation des laïcs : Mode ou nécéssité ? par Roger Mattéi

Autrefois, Monsieur le Curé faisait le catéchisme aux enfants, aidé par quelques bonnes volontés, généralement des femmes. Il était le "clerc" dans les deux sens du terme : celui qui faisait partie du clergé et l'homme instruit, celui qui avait la connaissance, particu- lièrement des choses de la religion, par opposition à une population peu instruite qu'il dirigeait, ou cherchait à diriger, puisqu'il "savait". Les enfants catéchisés recevaient ce bagage pour toute leur vie, bagage plus ou moins compris, assimilé, oublié...
Ces temps ne sont plus, qu'on s'en réjouisse ou qu'on le déplore, c'est un fait.
Nous vivons dans un monde de plus en plus intellectuel, de plus en plus cultivé, de plus en plus critique, et ce, dans tous les domaines. C'est également un fait.
Parallèlement à cette réalité, nous assistons depuis une bonne trentaine d'années, partout en France, à une demande croissante des laïcs pour une formation religieuse solide, à un désir grandissant de mieux connaître leur religion (entre autres exemples, cette année, plus de mille laïcs suivent des formations théologiques à l'Institut catholique de Paris).
Cette mode, si mode il y a, peut s'expliquer de plusieurs façons :
.D'abord, beaucoup de chré- tiens ont acquis dans leur vie professionnelle et personnelle une bonne culture générale, voire parfois une spécialisation trés pointue: Ils eprouvent le besoin d'avoir, en complément, une solide culture religieuse pour vivre plus intelligemment leur foi. Ils veulent éviter une distortion entre une culture profane trés poussée et une culture religieuse infirme: Ce que l'on appelait jadis "la foi du charbonnier" ne leur suffit plus dans le monde actuel.

.Ensuite, beaucoup d'entre nous sont entourés d'incroyants (au sens large), dans notre propre famille souvent, qui n'hé- sitent pas à nous demander des comptes sur ce que nous vivons et à nous poser toutes sortes de questions ~ur la foi, la religion, l'Eglise... A formuler des critiques, pertinentes ou pas. ..Au fil des jours, nous rencontrons beaucoup de ques- tions, d'approximations, d'igno- rances. ..Comment répondre de façon sereine, cohérente, appropriée, comment témoi- gner intelligemment, si nous n'avons pas derrière nous un bagage substantiel ?
A titre anecdotique, lisez ou relisez "La lettre à Dieu" de J.Roy ou "La lettre à Dieu le fils" de J.D. Bredin, parus ces dernières années, vous serez éffarés de rencontrer chez deux écrivains contemporains connus, intelligents, cultivés, une igno- rance religieuse affligeante-
.Pour tous les chrétien,s engagés dans un service d'Eglise, ce solide bagage paraît indispen- sable: pour ceux qui s'investis- sent dans la catéchèse ou les aumôneries, bien sûr, mais pour tous ceux qui remplissent un service, le plus humble soit-il : eux aussi doivent être portés et confortés dans leur vie perso- nelle et spirituelle.
.Nous pensons également à tous les chrétiens qui ne sont P9S directement engagés dans l'Eglise, mais qui veulent nourrir intellectuellement et spirituelle- ment leur vie professionnelle, familiale, sociale, leur engage- ment syndical, politique, asso- ciatif : ceux-Ià ont peut-être encore plus besoin de cette nourriture.
.Mais, objectera-t-on, certains ne suivent une formation que dans un but intellectuel, que pour se cultiver, sans aucun souci spirituel. Sont-ils si nombreux ?
Et si ces gens existent, ce serait à désespérer de l'Esprit Saint si, après avoir suivi des cours de Théologie ou de Bible, ils n'approfondissaient pas, à terme, leur vie personnelle, leur vie spirituelle, leur prière, quel que fût leur âge! Oui peut le savoir ?
L'Esprit souffle où il veut, comme il veut: ses pensées ne sont pas nos pensées, ses chemins ne sont pas nos chemins. ..
Loin de l'anti-intellectualisme qui a marqué l'Église à une certaine époque, on ne peut que se réjouir de cet appétit de culture religieuse.
Dans les années à venir, nous savons tous que le nombre de prêtres va diminuer, que ces prêtres seront de plus en, plus âgés et débordés et que l'Eglise sera amenée à confier à des laïcs un certain nombre de services accomplis encore aujourd'hui par des prêtres.
Pour toutes ces raisons, parmi les formations qui seront proposées aux laïcs dans les années à venir, il faut qu'il yen ait une qui soit au niveau d'un séminaire, afin que tout laïc qui peut et qui veut, quel que soit son âge et sa condition, puisse avoir un enseignement le plus approfondi possible.
Jésus n'a pas convoqué ses compatriotes à venir écouter à Jérusalem la Bonne parole: il est allé les rencontrer et leur parler, là où ils se trouvaient, même les Samaritains, même les Galiléens, surtout les Galiléens, que leurs compa- triotes méprisaient et raillaient.
Tout baptisé, dit-on, a la voca- tion d'être prêtre, prophète et roi: il faut lui en donner les moyens.
Bien-sûr, le chantier est immense, mais ne serait-ce pas ,un des aspects de la Nouvelle Evangé- lisation ?

Une formation approfondie, comme il y avait au séminaire, devrait être proposée aux lai"cs dans les années à venir.

 

Un article : L'Europe par Anne Camboulives

A quelques jours des élections européennes la question nous semblait intéressante : que représente pour nous l'Europe ? Nous l'avons posée à quelques personnes, de tous âges et toutes conditions : " Que pensez-vous de l'Europe ? Vous sentez-vous Européen/ne ? Qu'évoque pour vous l'élargissement à 25 ? Votre avis nous intéresse. " Parmi leurs réponses nous avons choisi la lettre de Margot, une étudiante de 23 ans qui après avoir séjourné pour ses études en Grande-Bretagne puis en Allemagne effectue à présent un stage de six mois en Belgique.


ET VOUS, PAROISSIENS DE SAINT-RUF, QU'EN PENSEZ-VOUS ? par Margot Eleouet

 

Bruxelles, le 3 juin 2004

Chère Anne, je me sens Européenne, ça, c'est certain. Tout d'abord parce que depuis toujours, mon rêve est de voir les frontières s'abolir. Tant pis pour ce qu'on perd en folklore ou en régionalisme, il faut savoir jeter du lest pour avancer. Et puis les plus belles et les plus importantes traditions ne peuvent pas disparaître, je pense. On pourra peut-être objecter qu'il ne s'agit pas ici de la réalisation d'une utopie, mais plutôt de la création d'une puissance qui ferait pendant aux États-Unis, quelque chose d'extrêmement politisé et corrompu ou je ne sais quoi ; mais je ne suis ni journaliste, ni économiste, ni pessimiste, donc j'ignore ça.

Si je me sens Européenne, c'est aussi grâce à ce séjour en Allemagne, l'an dernier, dans le merveilleux cadre d'Erasmus. Comme tu le sais je me suis retrouvée à l'est de ce pays, en bordure de la mer Baltique. Les étudiants qui s'y trouvaient n'étaient donc plus les éternels Italiens, Espagnols et Français que l'on rencontre presque exclusivement de notre côté, à Londres notamment, mais bien des Bulgares, Lettons, Lituaniens, Estoniens, Polonais, Russes etc. (et même un "Géorgien", tu connaissais toi?). Et oui, nous nous sentions rassemblés sous un même drapeau. Nous étions tous là pour cette année de bonheur, grâce à un programme européen, et le sentiment que nous avions beaucoup de choses en commun n'était pas seulement dû au fait que nous visionnions les mêmes émissions de MTV (ce qui est plutôt à reprocher au phénomène du mondialisme, et à l'énergie que déploient pour l'instant les enfants de cocos à rattraper le temps perdu, ce qui pour eux se résume à porter des casquettes américaines et acheter plein de fringues tout en étant gonflés d'un arrivisme à toute épreuve, mais bon après tout une personne qui n'a rien eu à manger depuis trois semaines aura du mal à ne pas se goinfrer lorsqu'elle tombera sur un buffet garni au choix varié, même si on lui explique que c'est malsain. Il semble logique que cette frénésie se calme d'elle-même avec le temps).

En fait nous nous sommes adorés, tous, nous nous sommes sentis unis et les Polonais encaissaient mieux qu'avant les vannes sur la pauvreté de leur pays -"boire ou conduire, 'toute façon on n'a pas le permis"- parce qu'aujourd'hui nous sommes tous les mêmes. Nous répondons aux critères qui font que nos pays sont aptes à utiliser la même monnaie. Nos pays sont tous contre la peine de mort. Nous échangions des idées, des blagues, des réflexions, de la bouffe, en anglais en allemand en espagnol en français en polonais...

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Voilà ce que représente, pour moi, l'Europe des 25. Un nouveau défi me passionne : la Turquie, bientôt ? Sommes-nous réellement à ce point ouverts et tolérants pour accepter un pays dont la moitié des habitants est musulmane ? Sans rire, malgré ce qu'on dit sur le racisme de nos populations, malgré les attentats et tout le tintouin, nous serions prêts à accepter que l'Europe soit un grand réseau d'échanges, un espace multiculturel où tout un chacun aurait sa place ??? Je crois rêver. A-t-on su que l'an dernier la Turquie a aboli la peine de mort pour pouvoir entrer dans notre démocratie? Je trouve que c'est magnifique. Et puis l'Europe, telle qu'elle a été créée au lendemain de la guerre, il ne faut pas l'oublier, c'est un cri : "Plus jamais ça !". C'est donc un organe qui a une fonction pacifique. Qui rassemble et décide d'être intello à la manière d'une amitié franco-allemande, c'est à dire humaine et sociale.

Bon, ayant peu de temps, j'ai conscience de jeter là des idées en vrac et peu développées, ne te gêne pas pour me demander des éclaircissements. Par ailleurs ce sont des idées telles qu'elles me viennent, elles ne sont pas documentées et je n'ai jamais encore étudié les effets pervers ou les limites de ce système. Ceci dit, je serais ravie d'un débat, ou de connaître les avis de ceux de tes correspondants qui ont un avis négatif sur la question, si ton enquête est à grande échelle.

Par souci d'équilibre, citons aussi Michel Lepoivre un médecin français exerçant en Suisse, pays qui en plein cœur de l'Europe n'adhère pourtant pas à l'Union européenne :

Chère Anne,
L'Europe ? Celle qu'on nous présente n'est guère à mon goût et certains Suisses pensent qu'ils tiennent à rester le dernier pays européen, dans une Europe qui renie sa nature profonde, qui est de l'ordre de la diversité, de la liberté de pensée, du non consumérisme, de l'art et aussi de la Chrétienté. Ce thème serait à développer...

 

En parcourant nos quartiers et nos rues - 14
par Michel Hayez

DES HOMMES ILLUSTRES (suite)

    Il y a dix-huit mois, nous avons quitté cette galerie de portraits inspirés par les dénominations de voies dans nos paroisses Saint-Joseph et Saint-Ruf (numéro du printemps 2003: les écrivains).
    Aujourd'hui, c'est devant des peintres et des militaires qui n'auraient pas déjà été évoqués, que nous nous arrêterons.
    Simon de Châlons (rue prolongeant le boulevard Champfleury entre la voie ferrée et le complexe sportif, ancien palais de la Foire), peintre exerçant à Avignon de 1532 à 1561, admirable conciliateur des traditions nordiques et italiques, était déjà bien représenté notamment dans les musées d'Avignon (Calvet) et de Villeneuve, ainsi qu'à l'église Saint-Pierre. Il vient d'être célébré en avril, par la chaîne télévisée " Arte " à la suite de la restauration par deux artisans avignonnais de classe internationale, de son " Couronnement de la Vierge " dans l'église Saint-Agricol pour laquelle il avait été commandé (1539).
    Paul Cézanne (rue parallèle et au sud de l'avenue des Deux Routes): un peintre (Aix-en-Provence, 1839-1906), qui lui aussi, selon un historien d'art, " opéra une remarquable synthèse, celle du figuratif du XIXème siècle et de l'abstrait du Xxème ". De l'artiste des " sérénités passionnées " selon sa propre expression, et dont les musées du monde se disputent les oeuvres, je ne citerai que. " la montagne Sainte-Victoire ".
    Claude Firmin (la rue qui porte son nom est perpendiculaire à la précédente), déjà mentionné à propos de l'avenue Monclar, naquit à Avignon en 1864; il fut l'élève à Avignon de Pierre Grivolas durant sept ans, puis après un voyage en Algérie, élève à Paris de Léon Bonnat (1833-1922) qui connut les plus grands honneurs et légua de nombreuses oeuvres au musée de Bayonne, sa ville natale. Claude Firmin, ayant passé vingt ans à Paris, retrouva dans la campagne avignonnaise les meilleures sources de son inspiration: travaux des champs et des vignes, lavandières et animaux. Excellent dessinateur et pastelliste, il devint directeur de l'Ecole des beaux-arts d'Avignon et fut décoré du ruban de la Légion d'honneur. Son neveu, l'abbé Marius Firmin, étant directeur de la maison des oeuvres catholiques rue du Portail Magnanen, avant de devenir curé de Saint-Ruf, le recueillit jusqu'à son décès en 1944.
    Omer (François) (1885-1950) (sa rue se trouve entre l'avenue du Moulin Notre-Dame et celle de l'Arrousaire), peintre avignonnais et graveur sur bois en couleurs (portrait de Jean-Henri Fabre). Ancien élève de Guirand de Scévola, il exposa ses oeuvres de 1914 à 1934, notamment à la Société nationale des beaux-arts, au Salon indépendant à partir de 1924. Parmi ses paysages et scènes de genre, citons " le Palais des papes " (1927) et " le grand marché à Castres " (1934).

    Au moment où la France célèbre le soixantième anniversaire du débarquement allié en Normandie, il est opportun de rappeler la part éminente que deux chefs militaires, l'un français, l'autre américain, ont joué dans la libération du pays. Le maréchal Juin (Alphonse), né à Bône (Algérie), 1888, mort en 1967 - sa place se trouve entre la rue Omer et l'avenue de l'Arrousaire -, major de la promotion du général de Gaulle à Saint-Cyr (1911), combattit au Maroc, notamment comme aide de camp du général Lyautey, se distingua dans la campagne du Rif (1925) et fut chef du cabinet militaire du résident général au Maroc (1929-1933). En mai 1940, il couvre la retraite de la 1ère armée vers Dunkerque, puis est nommé par Pétain commandant en chef des forces d'Afrique du nord (novembre 1941); après le débarquement anglo-américain, il se rallie aux Alliés en Tunisie où il est nommé résident général; il prend la tête du corps expéditionnaire français en Italie (novembre 1943), remporte la victoire du Garigliano (mai 1944); il est résident général au Maroc de 1947 à 1951 et est élevé à la dignité de maréchal de France en 1952; il est mis à la retraite en 1962 en raison de son appui moral aux partisans de l'Algérie française.


    Eisenhower (Dwight David), 1890-1969 - l 'avenue qui porte son nom part de la porte Saint-Roch et rejoint la rocade Charles-de-Gaulle après avoir traversé l'avenue Monclar - après son passage par l'Académie de West Point (1911), il est chef d'état-major de Mac Arthur (1933-1935). Nommé général en 1941, il est alors appelé à Washington par le général Marshall, à l'état-major général (projets d'opérations), où il prépare le plan d'invasion de l'Europe. Il dirige le débarquement américain en Afrique du nord, la conquête de la Tunisie, puis les débarquements en Sicile et en Italie (1943). Commandant en chef à Londres des forces alliées en Europe, il assume la responsabilité suprême du débarquement en Normandie et poursuit la reconquête jusqu'à la capitulation de l'Allemagne (7 mai 1945). Commandant suprême de l'OTAN (1950), il est élu à la présidence des Etats-Unis (parti républicain) de 1953 à janvier 1961, une présidence marquée par la détente avec Khroutchev (septembre 1959) et sa lutte contre la ségrégation raciale.

 

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