n° 227 Eté 2004 |
Un article : Depuis la PENTECOTE, une PRESENCE si proche dans une PAROLE familière par Chantal Guillermain |
Rappelons-nous l'événement
que nous avons célébré le jour de la Pentecôte: un grand souffle enveloppe les
Apôtres, un feu les pénètre...sans violence; tout leur être est touché, atteint
jusqu'au cur. Le fracas venu du ciel est entendu comme une "voix" et les
langues de feu permettent le langage. "Ma Parole n'est-elle pas un feu?" disait
Jérémie; cette Parole de feu habite les disciples de Jésus et l'Esprit Saint qui
faisait parler les prophètes les rend aujourd'hui capables de dire "les merveilles
de Dieu". |
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Bruxelles, le 3 juin 2004 |
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Chère Anne, je me sens Européenne, ça,
c'est certain. Tout d'abord parce que depuis toujours, mon rêve est de voir les
frontières s'abolir. Tant pis pour ce qu'on perd en folklore ou en régionalisme, il faut
savoir jeter du lest pour avancer. Et puis les plus belles et les plus importantes
traditions ne peuvent pas disparaître, je pense. On pourra peut-être objecter qu'il ne
s'agit pas ici de la réalisation d'une utopie, mais plutôt de la création d'une
puissance qui ferait pendant aux États-Unis, quelque chose d'extrêmement politisé et
corrompu ou je ne sais quoi ; mais je ne suis ni journaliste, ni économiste, ni
pessimiste, donc j'ignore ça. Si je me sens Européenne, c'est aussi grâce à ce séjour en Allemagne, l'an dernier, dans le merveilleux cadre d'Erasmus. Comme tu le sais je me suis retrouvée à l'est de ce pays, en bordure de la mer Baltique. Les étudiants qui s'y trouvaient n'étaient donc plus les éternels Italiens, Espagnols et Français que l'on rencontre presque exclusivement de notre côté, à Londres notamment, mais bien des Bulgares, Lettons, Lituaniens, Estoniens, Polonais, Russes etc. (et même un "Géorgien", tu connaissais toi?). Et oui, nous nous sentions rassemblés sous un même drapeau. Nous étions tous là pour cette année de bonheur, grâce à un programme européen, et le sentiment que nous avions beaucoup de choses en commun n'était pas seulement dû au fait que nous visionnions les mêmes émissions de MTV (ce qui est plutôt à reprocher au phénomène du mondialisme, et à l'énergie que déploient pour l'instant les enfants de cocos à rattraper le temps perdu, ce qui pour eux se résume à porter des casquettes américaines et acheter plein de fringues tout en étant gonflés d'un arrivisme à toute épreuve, mais bon après tout une personne qui n'a rien eu à manger depuis trois semaines aura du mal à ne pas se goinfrer lorsqu'elle tombera sur un buffet garni au choix varié, même si on lui explique que c'est malsain. Il semble logique que cette frénésie se calme d'elle-même avec le temps). En fait nous nous sommes adorés, tous, nous nous sommes sentis unis et les Polonais encaissaient mieux qu'avant les vannes sur la pauvreté de leur pays -"boire ou conduire, 'toute façon on n'a pas le permis"- parce qu'aujourd'hui nous sommes tous les mêmes. Nous répondons aux critères qui font que nos pays sont aptes à utiliser la même monnaie. Nos pays sont tous contre la peine de mort. Nous échangions des idées, des blagues, des réflexions, de la bouffe, en anglais en allemand en espagnol en français en polonais... |
Voilà ce que représente, pour moi, l'Europe des 25. Un nouveau défi
me passionne : la Turquie, bientôt ? Sommes-nous réellement à ce point ouverts et
tolérants pour accepter un pays dont la moitié des habitants est musulmane ? Sans rire,
malgré ce qu'on dit sur le racisme de nos populations, malgré les attentats et tout le
tintouin, nous serions prêts à accepter que l'Europe soit un grand réseau d'échanges,
un espace multiculturel où tout un chacun aurait sa place ??? Je crois rêver. A-t-on su
que l'an dernier la Turquie a aboli la peine de mort pour pouvoir entrer dans notre
démocratie? Je trouve que c'est magnifique. Et puis l'Europe, telle qu'elle a été
créée au lendemain de la guerre, il ne faut pas l'oublier, c'est un cri : "Plus
jamais ça !". C'est donc un organe qui a une fonction pacifique. Qui rassemble et
décide d'être intello à la manière d'une amitié franco-allemande, c'est à dire
humaine et sociale. Bon, ayant peu de temps, j'ai conscience de jeter là des idées en
vrac et peu développées, ne te gêne pas pour me demander des éclaircissements. Par
ailleurs ce sont des idées telles qu'elles me viennent, elles ne sont pas documentées et
je n'ai jamais encore étudié les effets pervers ou les limites de ce système. Ceci dit,
je serais ravie d'un débat, ou de connaître les avis de ceux de tes correspondants qui
ont un avis négatif sur la question, si ton enquête est à grande échelle. |
En parcourant nos quartiers et nos
rues - 14 DES HOMMES ILLUSTRES (suite) |
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