n° 223 Eté 2003 |
Un article : Saint François et la nature par Hervé d'Anselùe | ||
C'est avec elles (à la fraîche) que nous pouvons refaire nos forces et quand elles apparaissent dans la nuit, elles nous guident et nous conduisent. Pour certains, leurs arrivées fait peur et signalent le commencement de longues heures de 'solitudes' mais, pour beaucoup aussi, elles viennent rythmer le temps qui passe et nous permettent de ne pas être toujours sur la brèche.
Quand j'étais plus jeune et que je venais en vacances dans la région, je n'avais qu'une envie, qu'il fasse beau... Plus tard, je gardais les moutons, je faisais les foins, je ramassais les tomates ou les melons... j'ai alors compris que le vent était nécessaire et que, sans lui, c'est une véritable chape de plomb qui nous serait tombée dessus. Alors, c'est sûr, un violent mistral peut finir par agacer, mais grâce à lui (dans nos curs et dans nos vies), que de pureté, que de clarté.
Sans elle, rien n'est possible et, qu'il s'agisse des moines voulant construire une abbaye ou des gitans voulant stationner quelque part, c'est d'abord elle qui est recherchée. Nous qui en mettons si volontiers dans notre pastis, comment ne pas nous réjouir de sa fraîcheur ? Et quand nous nous plongeons dedans, comment ne pas apprécier tout le bien qu'elle nous fait ?
Pour moi, c'est là une des " preuves " de l'existence de Dieu !
Tout " ça ", si différent et pourtant si harmonieux. Tant de divisions et
pourtant, tant de communion. Un feu d'artifice de création mais une seule gerbe de vie.
Vous vous rendez compte... ? Moi, " ça " me laisse sans voix. Extraits du Cantique des créatures |
I Ious l'avouerai-je ? Monsieur Fra m'a fait
rougir. Il m'a dit de ces mots ! Et pas de dictionnaire à l'horizon ! Parlons-en tiens,
d'horizon ! Le mien d'habitude c'est plutôt bureau, écran et clavier d'ordinateur,
crayons bien taillés prêts à l'attaque et surtout... solitude, concentration oblige. Eh
bien ce monsieur-là figurez-vous m'a reçue en pleine église ! Qui ? Mais Monsieur Fra
voyons ! Henri Fra, l'un des plus anciens paroissiens de Saint-Ruf, natif du village de
Monclar -qu'il a connu sous forme de campagne- et espèce en voie de disparition : un vrai
de vrai paysan, un sage, un homme comme on n'en fait plus ! Certes les champs ne sont plus
là, les dernières vaches ont disparu il y a une douzaine d'années, " mais
l'ambiance n'a guère changé, les paysans se voient toujours. Et d'ailleurs le lait,
entier, je me le fais livrer : chaque semaine, 15 litres, de Saint-Andiol -vous pouvez le
garder une semaine sans broncher. " |
II - Aujourd'hui on trouve de tout toute l'année. |
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III Les invités de la messe suivante commencent à arriver. J'ai un peu
l'impression de me donner en spectacle, mais lui tranquillement continue : " Vous
comprenez, ma sur (c'est un coquin ce M. Fra qui voudrait être le frère de tout le
monde) pourquoi le vin de Châteauneuf ne peut pas se comparer à la piquette qu'on
fabriquait autrefois en Courtine ou à la Barthelasse. La différence, vient des cailloux
! ". |
IV Le hasard a fait que, peu de jours après, le journal nous apprenait
que la ferme de Montfavet et tous les foins venaient d'être détruits par un incendie.
Henri Fra ne nous a rien dit. Les gens de la terre savent que le malheur se vit dans le
silence. Lorsque notre curé en a parlé, un matin, à la fin de la messe, un sanglot dans
la voix a trahi le paysan qui n'a pu cacher sa souffrance. Mais tel Job, M. Fra ne se
laisse pas abattre devant la cruauté d'un pylone électrique dont les étincelles furent
fatales à tout un travail accompli, et perdu. Avec son visage rayonnant de bonté malgré
l'épreuve, quel beau chemin de lumière il nous montre là. |
Saint Ruf, paroisse rurale à l'aube du XXe siècle - par Michel HAYEZ |
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Avignon doit son développement urbain au
sud de l'intra-muros à l'arrivée du chemin de fer en 1850. C'est le peuplement étalé
sur plus d'un demi-siècle de nos quartiers de St-Roch et de Champfleury par des cheminots
des employés des postes, des militaires, des professeurs delycée venus de toute la
France, qui provoqua la création de Ia paroisse St-Ruf en 1912. Auparavant, les
cultivateurs étaient paroissiens de St-Agricol et vraisemblablement plus à l'est de
St-Didier. |
Des peintres aimaient y vivre, comme Lina Bill
(1855-1936), Alfred Bergier (1881-1971), Claude Firmin (1864-1944), lui-même fils de
jardinier et qui puisait son inspiration dans son environnement. l'on imagine sans peine
dans sa belle demeure du n° 33 de l'avenue Monclar (villa " Mireille ")
l'ingénieur Edgar Zacharewicz, directeur départemental des services agricoles et
professeur à l'école d'agriculture au début du siècle, expérimentant dans les chamn~
et vignobles voisins, ses méthodes de modernisation de l'agriiculture. La vie paroissiale demeura longtemps marquée par des rythmes ruraux. Il y a cinquante ans, la première messe du dimanche, dite " messe des hommes " était célébrée à 6 heures du matin. Des sermons et allocutions étaient donnés en provençal le lundi de Pâques, à la solennité de saint Gens (16 mai ou dimanche le plus proche). Est-il un saint plus rural que cet ermite, invoqué comme saint Agricol pour obtenir la pluie, pour qui le loup après avoir dévoré I 'une de ses vaches s'unit à l'autre sous le joug pour accomplir le labour ? Une confrérie paroissiale portait ici son nom.. Le 2 février, fête de la Purification, nombre de paroissiens de St-Ruf se rendaient à la chapelle des Pénitents gris, rue des Teinturiers, pour se joindre " ès-qualité " à la confrérie des vignerons. Outre le "panier du Curé " que l' on imagine bien garni des primeurs et produits de saison, la kermesse paroissiale qui se déroula longtemps à la villa Béthanie, proposait aux visiteurs ses comptoirs de fruits et légumes du terroir. Et même jusqu ' en 1955, la collecte du raisin destinée à la fabrication du vin de messe paroissial touchait encore au moment des vendanges, une cinquantaine de vignerons! Le cercle des jeunes gens de la paroisse, à l' origine de notre bulletin " I 'Estello " en février 1928, pouvait alors envoyer douze jeunes pour participer à la naissance à Avignon de la Jeunesse agricole catholique (J.A.C.). Ces quelques lignes ne sont pas pour exprimer des regrets nostalgiques sur le passé bucolique de notre paroisse, mais l'on se reconnnait et s'estime d'autant mieux que l'on sait d'où l'on vient. |