n° 226 Printemps 2004

 

L'Edito par Lucien AURARD
Lorsque arrivent les fêtes pascales s'impose l'impressionnante et grave image de la croix :  Pas possible de le taire, il faut dire, il faut faire savoir que le Ressuscité c'est cet homme qui, quelques heures avant, blessé, torturé et humilié était traîné vers la mort. Dans le Christ en croix nous retrouvons et acceptons toutes les défigurations de l'homme puisque c'est l'homme crucifié qu'on voit en lui. Le crucifié ! Pour nous, ces dernières semaines, il a le visage des victimes innocentes des attentats terroristes en Espagne ou celui des enfants enlevés et violés par Marc Dutroux ou encore celui des martyrs anonymes de l'homme perverti qui s'autorise à piétiner l'homme, à le faire souffrir, à redoubler son malheur. Et cela, c'est tout simplement bouleversant parce qu'une fois de plus nous voyons que si l'homme est capable de grandes choses, il peut aussi s'enfoncer dans les pires bassesses. Il est difficile alors de croire en l'homme et de croire en Dieu. Il me semble que l'accès à la foi en l'homme et à la foi en Dieu se fait, pour nous chrétiens, à travers la mort et la
résurrection. Dieu n'est pas présent à nous comme question. On dit de Dieu ce qu'il nous dit de lui dans la Révélation et dans le Christ qui nous permet de connaître Dieu et d'accepter l'homme car Dieu se retrouve en Jésus Christ dans les grandeurs et les faiblesses de l'homme. Avec le Christ, le visage de l'homme est aussi celui de Dieu. Cela me semble-t-il amène au moins deux conséquences :

 

-    La foi est une expérience déroutante. Elle consiste à faire confiance à Jésus Christ et à entrer dans une nuit où un certain nombre d'idées toutes faites, d'assurances, de manières de vivre sont bousculées. Lorsque la foi commence à creuser son chemin, elle fait œuvre de dépouillement radical. Comme pour Abraham : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père ; » (Gn12,1). On ne part jamais si on emporte tout. Il faut laisser ses valises et ses malles et prendre simplement deux ou trois choses importantes. La foi, c'est la route pascale de l'Exode, le temps du désert. Saint Jérôme a bien raison de dire que la foi c'est « suivre nu le Christ nu ». On communique profondément avec quelqu'un, non pas par ses richesses, mais par ses blessures.
-    La foi nous invite à faire confiance à un Dieu pauvre. Le Christ fait sauter tous nos alibis : « Mon Père, vous ne le connaissez pas. Moi je le connais » (Jn.8,55). Il n'est pas possible de récupérer Dieu à sa convenance. Des expressions religieuses, aujourd'hui, pourraient laisser croire que certains ont une ligne directe avec Dieu, qu'ils chantent et dansent avec lui et que tout se passe comme si Dieu ne posait aucun problème. Allons ! Soyons sérieux : Dieu pose problème. Jésus le présente comme Père. C'est un Dieu de miséricorde. C'est donc un Dieu qui a mal de voir ce que l'homme fait de sa vie d'homme. C'est un Dieu qui pleure. Pas seulement des larmes de tristesse. La joie aussi peut s'exprimer par des larmes. Mais ce qui est incontournable c'est que le Dieu révélé par Jésus Christ touche l'homme dans ce qu'il a de plus vrai et en particulier lorsqu'il est blessé cruellement. C'est, j'en suis sûr, le sens de la Croix et c'est pour cela que l'on trouve Dieu dans celui qui est
pauvre, auprès du malade , de celui qui est nu ou qui a faim ou qui est en prison (Mt 23,35)

Regardez : La lumière du matin de Pâques curieusement prend naissance au cœur de nos ténèbres.

C'est la Résurrection !

 

Un article : Le Festival est mort, vive le Festival ! par Anne Camboulives

En 2004 aura-t-il lieu ou non, la question est sur toutes les lèvres. Artistes salariés ou intermittents, public, structures organisatrices, commerçants liés de près ou de loin à ce pilier du tourisme culturel, tout le monde se souviendra de l'été 2003 : pour la première fois depuis sa création en 1947, le Festival, notre Festival, n'était pas au rendez-vous. Tristesse, colère, consternation, dépit…

Une mort nécessaire ? En tant que chrétiens ayons à cœur de regarder les choses sous un angle positif. Soutenu par l'Etat ainsi que par les instances locales (le Conseil Général tout comme la Région y sont allés de leurs deniers) en contrepartie d'un ancrage régional, le Festival repart d'un bon pied, sans dettes, avec un budget de 9,6 millions d'euros. Le public de son côté -que serait un spectacle sans spectateurs ?- n'a plus envie de subir, il est prêt à entrer en résistance pour que vive son Festival. Quant aux intermittents, de récentes ouvertures leur ont été proposées, souhaitons que dans le respect des points de vue de chacun les négociations aboutissent.

Le moins qu'on puisse dire est qu'Hortense Archambault et Vincent Baudriller, les nouveaux jeunes directeurs (on s'est rendu compte qu'à deux on était plus que deux fois plus intelligent) se donnent les moyens de le ressusciter de belle façon : ils ont fait le choix de s'installer à Avignon et avec la complicité d'un artiste étranger différent chaque année, garant d'une dimension internationale, ils se proposent de déployer sur toute la Ville l'œuvre des artistes invités, en lien avec des structures locales, afin que le public puisse découvrir leur démarche dans sa globalité. Ils organisent depuis déjà plusieurs mois des rencontres avec les Avignonnais pour leur présenter les artistes du Festival 2004, qui eux s'imprègnent de la ville et de son atmosphère. Ils ont à cœur de faire d'Avignon un lieu de discussion et de réflexion.

Pas de Festival sans son affiche, ah ce que celle-ci, œuvre de Jean-Michel Bruyère, peut faire jaser ! Libre d'y voir les vestiges de tatouages que de sinistre mémoire on relie aux camps de concentration. Tout comme un livre échappe une fois publié à celui qui l'a écrit, le lecteur en prenant possession, l'image prend le sens que lui donne celui qui la regarde. Ceux qui l'ont choisie avaient en tête de souligner la rude énergie qui se dégage d'une figure ayant vécu et connu toutes les épreuves : une rage de vivre bouleversante, malgré. Quant aux symboles… A comme Avignon comme Aventure comme Amour ? Les fameuses clés emblème d'Avignon si on veut, ou clés de lecture, d'ouverture à des mondes inconnus ? Un signe, aussi, que chacun lira comme il voudra : addition, multiplication ou croisement d'images, de regards, d'expériences ? Activons notre imagination** !

Visiblement émus et fiers de succéder à Jean Vilar, Paul Puaux, Alain Crombèque et Bernard Faivre d'Arcier, Hortense Archambault et Vincent Baudriller ont envie de spectacles généreux qui dépassent les murailles de la ville, qui bouleversent l'intimité des spectateurs, pour essayer de penser, comprendre –et pourquoi pas ?– infléchir le monde. De contribuer à l'émergence de l'Europe culturelle qu'on désire. Pour ce premier Festival qu'ils dirigent, ils ont choisi pour « complice » un artiste qui bouscule, Thomas Ostermeier metteur en scène et directeur de la Schaubühne de Berlin. Le théâtre que nous aimons consiste à réunir, alors que le monde d'aujourd'hui (…) conduit à séparer écrit-il. Nous vivons une époque bourgeoise, notre société a besoin de se remettre en question. Le théâtre à l'origine était là pour ça. Ce qu'on voit dans le miroir n'est pas toujours agréable ajoute le jeune Allemand dans un français gracieusement teinté d'accent. Mais salutaire peut-être ?

Le ton est donné : des spectacles qui interpellent, en prise directe sur le monde. Impossible de nommer ici tous les artistes invités, si vous ne l'avez pas encore vous pouvez vous procurer l'avant-programme*. Juste un mot sur Pippo Delbono metteur en scène italien qui avec sa drôle de troupe investira la carrière Boulbon. Sous la violence parfois, une générosité magnifique et un regard plein d'espérance.

Ceux qui aiment causer pourront le faire le soir à la salle Benoît XII que la direction du Festival a réservée à cette intention : « Les coups de minuit » entreront alors en résonance…

* Festival d'Avignon, du 3 au 27 juillet 2004. Programme disponible début mai. Cloître Saint-Louis Avignon 20, rue
du Portail Boquier 04 90 27 66 50. Site Internet http://www.festival-avignon.com
** Aujourd'hui nous apprenons que les critiques suscitées par cette affiche ont abouti à sa suppression

 

Un article : La Brocante de Saint Ruf fête sa majorité par Anne Camboulives
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Hier
En 1985 Frère André pour les uns, le père Raymond pour les autres, décide d'entreprendre la restauration de l'orgue, afin de mettre entre les mains de Patrice Lorin un instrument digne de son talent (ils aiment la musique décidément, nos curés). Un devis est demandé : 260 000 francs de l'époque, pas loin de 40 000 euros actuels, ce n'était pas rien ! Un appel au peuple est lancé, sous forme de souscription dont les résultats sont affichés dans l'église. Un tambour déroule une grande feuille rouge qui, tel un thermomètre, marque le degré d'avancement des rentrées. Au 12 janvier 1986 on compte 35 150 F c'est beau mais pas suffisant.

C'est alors qu'un ancien scout, monsieur Jacques Gény que nous connaissons bien, ancien directeur des Usines du Sud-Est (groupe de Wendel) fraîchement retraité, propose une idée venue de Nantes où il l'a mise en pratique : et si on organisait une brocante ? En ce temps-là et dans cette ville, le défi était que chaque scout ramenât six objets… Gros succès, que Saint-Ruf en la personne de son curé décide de tenter. Et les paroissiens marchent !

Aujourd'hui
Ils marchent encore. La preuve en 2003, 17 ans après –le premier fut d'environ 25 000 F– le résultat affichait 10 067 € (pour ceux qui sont restés aux francs : presque 70 000), soit 10 % des besoins de la paroisse. Bien que les objets soient globalement de moindre valeur, le chiffre d'affaires se maintient. Comme le constate Jacques Gény avec satisfaction, la relève est assurée et l'ambiance toujours aussi festive et conviviale. Aux commandes Monique Ladous, secondée par Michel Capian et par un capitaine dynamique, Joseph Seimandi qui mène tout le monde à la baguette (mais non pas pour les coups, pour l'harmonie : c'est un chef d'orchestre –d'ailleurs il chante, aussi, mais ça c'est une autre histoire). Et ce monde est nombreux et motivé, heureusement ! C'est qu'il en faut de l'énergie et de la volonté pour mener, bénévolement bien sûr, tout cela de front : stocker les objets, les trier, les toiletter car ils ne sont pas toujours très présentables, fixer le juste prix -avec l'aide précieuse, parfois, d'un commissaire-priseur ami qui tranche en cas de doute devant une pièce particulièrement remarquable : ni trop élevé puisqu'il s'agit d'une brocante où l'on vient pour « la bonne affaire », ni trop modeste car il ne faut pas perdre de vue l'objectif qui est de rapporter de l'argent. Oui, appelons un chat un chat, n'oublions pas que s'il est le « nerf de la guerre » (ce n'est pas très motivant) l'argent est aussi oxygène… Une paroisse a toujours besoin d'air frais.

Demain
La prochaine, qui donc fêtera sa majorité puisqu'elle aura 18 ans ? Elle se tiendra les 12 et 13 juin. Ah qu'elle soit belle, digne, réjouissante !… Chers paroissiens tout dépend de vous, de votre générosité. Offrez ces objets qui ont chez vous perdu leur utilité, ils feront le bonheur des autres. Parlez-en autour de vous : peut-être certains de vos amis auraient-ils quelque chose à donner ? On ne peut pas savoir, tant qu'on ne leur a pas posé la question ! Mais de grâce, soyez sélectifs : pensez à l'équipe qui ensuite fera le tri, si vous pouvez déjà nettoyer un peu, c'est du temps gagné, de l'énergie récupérable… Et n'attendez pas la dernière minute, c'est tellement plus agréable pour l'organisation.

Vous connaissez à présent tous les « stands », ils seront fidèles au rendez-vous : meubles, vaisselle, bijoux, bibelots, électro-ménager, linge, vêtements, jouets, livres, tableaux, instruments de musique… sans oublier la délicieuse caverne d'Ali-Baba, l'amusant « bric-à-brac de C. et P. » dont la modestie se prête si bien à de fécondes métamorphoses, il suffit de faire appel à son imagination. Buvette pâtisseries et glaces vous réjouiront le palais. Pour tout dire ce sera la fête, venez-y nombreux, amenez des amis, ils n'en reviendront pas !

Quant aux gros bras et aux petites mains ils sont invités appelés priés souhaités : si vous voulez bien consacrer un peu de votre temps et de vos compétences à cette belle équipe, n'hésitez pas, vous serez les bienvenus. Contact : Monique Ladous 04 90 86 48 56.

Merci d'avance pour votre générosité, votre aide, votre présence et vive notre brocante !

 

Vers le centenaire de l'église Saint-Ruf par Lucien AURARD

Mes amis, je vous le dis en confidence : notre église sent un peu la fatigue de l'âge. Depuis 1912, au cœur du quartier Saint-Ruf, elle a accepté, dans l'humilité, de prendre le relais de la magnifique église abbatiale du XIIème siècle dont il ne reste aujourd'hui que quelques "pierres nobles, aux couleurs chaudes, qui ont réussi à traverser les siècles" . Nous allons, pour son centenaire, lui redonner bonne et belle forme.

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Nous commencerons par la toiture.Il semble qu'elle soit encore en bon état mais il faut absolument la revoir dans le détail et impérativement refaire tous les chéneaux. L'éclairage intérieur, fait de raccords successifs selon les besoins du moment, est à repenser entièrement. Notre chauffage n'est plus aux normes : l'isolement principal est en amiante. Les murs intérieurs sont sales et les façades extérieures ont besoin d'être lavées et réparées. Le clocher ? Comme nous le savons, sa construction a été interrompue par la guerre de 14. J'en suis personnellement étonné mais il faut se rendre à l'évidence, vous êtes nombreux à souhaiter qu'à l'occasion du centenaire, il soit achevé. C'est entendu, nous l'inscrivons au projet. Et l'orgue ? Direz-vous ! L'orgue, c'est le bouquet final. Est-il nécessaire ? Bien sûr que non. Il est comme le cadeau qu'on reçoit en disant « il ne fallait pas ». Et pourtant nous le savons tous, ce cadeau inutile est absolument essentiel. Il est le sourire de la fête.


Amis de Saint-Ruf, d'Avignon et parfois de fort loin, nous faisons appel à vous. L'église Saint-Ruf, construite en 1912 donc après 1905, n'est pas propriété communale c'est pourquoi nous avons mis en place une association – l'APOC – pour recevoir des dons. Rejoignez nous et invitez vos amis à entrer aussi dans cette dynamique de générosité qui porte depuis quelques mois maintenant le projet du centenaire de l'église Saint-Ruf. Nous remercions tous ceux qui participent aux activités que nous proposons et ceux qui déjà ont fait des dons. Nous remercions particulièrement l'imprimerie Barthélémy du Pontet et la cave coopérative de Cairanne, nos deux premiers mécènes.

 

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