n° 204 -Autômne 1998

Septembre est un malin !

Septième mois de l’année romaine qui commençait en mars, il se retrouve à la neuvième place dans notre calendrier. C’est normal, pensons-nous, car le ciel, dès les premiers jours de septembre, est moins haut qu’en août et le soleil qui, le soir, aime s’étendre longtemps sur nos maisons est souvent caché par des nuages qui amènent parfois de violents orages. Septembre pourtant, sans doute fort contrarié, n’a cessé, depuis, de se hisser aux places d’honneur. Il a si bien réussi que, dorénavant, pour le monde scolaire, pour bien des entreprises, pour la vie politique, le mois de septembre est le premier mois de l’année. C’est en septembre que se fait la rentrée.

Pour notre secteur paroissial, Saint Ruf – Saint Joseph, c’est aussi la rentrée. Tout est reparti dans la continuité et la nouveauté : la catéchèse, l’aumônerie, les réunions, l’animation liturgique, le Conseil Pastoral et le Conseil Economique qui vous sont présentés dans ce numéro de l'Estello. Dans le quartier Saint Ruf - Saint Joseph, nous tous qui partageons la même foi, qui sommes animés par le même amour, nous tous, heureux de nous retrouver pour louer Dieu, nous faisons notre rentrée pour vivre ensemble l’Eglise.

Septembre n’est pas malin parce que c’est toujours la rentrée.

Chaque jour qui passe est pour chacun de nous l’occasion de vivre la rentrée. Pas la rentrée de septembre qui porte en elle l’idée d’un retour à la maison et le risque du quotidien et de la routine mais cette rentrée qui est, à chaque instant de notre vie, rencontre de l’autre et rencontre du monde. Les enfants, disent les sondages, aiment l’école parce que c’est le lieu privilégié de la rencontre des copains qui tiennent une si grande place dans leur vie. Cette rentrée là qui est rencontre de la vie, rencontre de l’autre, c’est chaque jour qu’elle se vit. L’actualité ne cesse de nous en donner des exemples heureux parfois et souvent dramatiques. La vie refuse de se laisser saisir et ne cesse d’échapper à ce qui est bien programmé. L’irruption de l’imprévisible ne manque pas, un jour ou l’autre, de transformer nos plans et de nous projeter ailleurs que nous ne pensions. Ceux d’entre nous qui ont fait le voyage en Russie ont été frappés par cela et nous retrouvons ce sentiment dans le compte rendu qui nous est fait ici.

C’est toujours la rentrée ! Pas la rentrée de septembre qui porte en elle la marque du temps qui passe, mais cette rentrée qui est rencontre avec celui qui est au cœur de nos vies et qui donne une toute autre dimension à  nos vies.

Septembre est un malin mais nous ne sommes pas les otages de septembre et de tout ce qui nous enferme dans le temps. Nous sommes faits de Dieu, nous sommes faits pour Dieu.

par Yahne JOURNAU.

I

Nous étions 21 paroissiens et le père Lucien AURARD.

II

A MOSCOU, nous logions dans un hôtel gigantesque (6000 chambres !) dont la vue donne soit sur la Place Rouge (le mot rouge signifie "beau ") où se trouve le mausolée de MENINE maintenant déserté par les foules, soit sur la Moskova, bordée de guirlandes lumineuses se reflétant la nuit dans ses eaux brunes.

Le nombre des églises est surprenant : chacune a un style le plus souvent baroque, des bulbes (généralement au nombre de 5, symbolisant Jésus et les évangélistes) richement recouverts de feuilles d’or ou joyeusement peints de couleurs vives. Contrairement à ce que nous pensions, nous n’avons pas pu nous intégrer au déroulement des offices religieux orthodoxes. Nous étions empêchés à cause de la langue de repérer la liturgie, distraits par la contemplation des icônes dorées de l’iconostase alignés sur cinq rangs, étonnés enfin par les entrées et sorties incessantes des fidèles, leurs agenouillements et signes de croix fréquents. La beauté des chœurs, toutefois, en particulier des voix de basses, a créé une émotion partagée et une communion de prières.

III

L’opulence des palais a été aussi un sujet d’étonnement : reconstruits à l’identique, leurs salles immenses, leurs plafonds et portes ouvragés, leurs lustres de cristal, leurs colonnes de marbre, leurs parquets marquetés reflètent tout le faste et le luxe de l’époque des Tsars. Le Musée de l’Ermitage, qui recèle trésors et chef-d’œuvre, en est le plus beau et le plus grandiose témoin. Les anciennes résidences d’été des tsars - hors Saint-Petersbourg - comme le Grand Palais de Catherine à PAVLOVSK, dans un parc boisé et verdoyant, en sont aussi des illustrations brillantes.

Le contraste est grand entre la magnificence des monuments officiels et la dégradation de certains immeubles d’habitation : ils ont tous en commun l’encadrement extérieur des fenêtres, somptueusement sculpté dans les palais, simplement peint pour les immeubles massifs de l’époque stalinienne, naïvement coloré pour les datchas de la campagne. Les seconds ont leurs peintures écaillées, leurs balcons affaissés, signes de leur ruine imminente à moins d’une réhabilitation prochaine. Des familles vivent encore par 2 ou par 3 dans de pauvres appartements où cuisines et sanitaires sont communs !

IV

Dans la rue, même décalage : nous avons remarqué des jeunes femmes coquettes, fardées, bien habillées et aussi des vieilles dames au visage ravagé, au regard vide, certaines mendiant, d’autres présentant un étal à même le sol de quelques légumes ou de quelques objets.

V

Gouffre entre les illusions et la réalité, bien illustré par cette petite histoire : " Nous affirmons qu’Adam et Eve sont d’origine russe : ils sont nus, mangent une demi pomme et se disent au Paradis ! "

En outre, un lien fort s’est établi entre les participants et leur pasteur.

VI

Une vibrante Action de Grâces, dite à l’unisson dans le jardin de notre hôtel à SAINT-PETERSBOURG – dont la veille, une balade reposante en bateau nous avait fait sillonner les nombreux canaux- y a terminé notre séjour.