n° 228 Automne 2004 |
LE CONTEXTE POLITIQUE |
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La vie, dit-on, est faite de petits bonheurs. Il en est un:
ma visite à Frère OLIVIER, rue Porte-Evêque. Il n'y a pas de couvent qui n'ait son jardin, encore moins lorsqu'il s'agit d'un couvent de Franciscains. Aussi, profitant d'une belle journée, Frère OLIVIER m'a reçue dans le jardin. Les écureuils grimpaient dans les arbres, les lauriers roses s'épanouissaient généreusement. Le puits dispensait son eau sur les plants de tomates et les fruits de l'abricotier mûrissaient au soleil. Frère OLIVIER, vous connaissez ? Ce prêtre de la soixantaine, à la barbe poivre et sel, qui vient, une fois par mois, partager l'Eucharistie avec les paroissiens de St-Ruf. A Avignon depuis septembre 2002, il a été désigné économe lors du dernier chapitre, chapitre qui a lieu tous les 3 ans. Une décision prise très démocratiquement après discussion entre les frères. Plus fréquents les chapitres « des Nattes » (nom donné à ces réunions en souvenir des nattes de paille qui servaient de lit aux frères à l'époque de St François) où aucune décision importante n'est prise mais où les frères ont la joie de se retrouver en famille. Ne dit-on pas la famille franciscaine pour désigner cet ordre religieux ? Une expression bien vivante pour Frère OLIVIER qui, ayant peu de famille, trouve en ses frères l'amour et la tendresse chère à St François. Chercheur de Dieu dès son plus jeune âge Frère OLIVIER est originaire du Jura. Il a 20 ans lorsqu'il commence son noviciat à Lille: une année d'apprentissage de la prière, de la vie fraternelle mais aussi de la solitude. Puis après un an de propédeutique, deux ans de philosophie et quatre ans de théologie à Orsay et à Metz, il est ordonné prêtre à 28 ans. Après deux ans de Service Militaire en Allemagne, il s'est immergé un an dans la vie pastorale à St-Etienne. Puis, après cinq années d'aumônerie à Besançon (la ville chère à son creur) c'est en Afrique qu'il a passé ses plus longues années. Voir un frère en tout homme vivant En 1975, Frère OLIVIER part en Côte d'Ivoire. Puis c'est le Togo de 1982 à 1993 où il est d'abord curé de brousse puis à Lomé pendant cinq ans en maison de formation. C'est en Guinée-Bisao, à la mission de Cumura, que Frère OLIVIER est en contact avec les lépreux. En Côte d'Ivoire, à Abidjan, il est appelé auprès des plus pauvres, des immigrés vivant en bidonvilles. Là, il connaît la grande pauvreté. Par l'attention aux autres dans l'humilité, la solidarité vécue patiemment, les plus petits gestes d'amour, n'était-ce pas se rapprocher de St François et de son modèle Jésus Crucifié ? Après l'Afrique et avant de venir à Avignon, Frère OLIVIER était en Corse, au Sanctuaire marial de Lavasina, près de Bastia Une vie fraternelle dans la simplicité Avant de quitter notre frère franciscain, celui-ci me fait visiter les lieux. La chapelle, dont l'entrée est rue d'Annanelle, est ouverte toute la journée. Les frères s'y rassemblent en semaine pour l'Eucharistie à 7h15 et le dimanche à 8h30 et tous les jours pour les Vêpres à 18h30. Une enfilade de pièces au rez-de-chaussée donne sur le jardin. C'est bientôt l'heure du déjeuner. Frère MACAIRE s'active dans la cuisine. Huit couverts sont mis dans la salle à manger, les frères les plus âgés prenant leur repas dans leur chambre. La Communauté, qui comprend à l'heure actuelle une douzaine de frères, est en réalité plus nombreuse, certains d'entre eux pouvant y être rattachés tout en exerçant une activité ailleurs. C'est le cas de l'ex-Evêque de Perpignan. Parloirs, salon de télévision donnent également sur le jardin. Un prêtre, étudiant togolais en vacances, balaie les feuilles de la galerie qui longe le bâtiment et la préserve de la grosse chaleur. C'est en savourant un abricot du jardin que j'ai pris congé de frère OLIVIER. Un homme heureux qui n'a jamais regretté d'être frère et prêtre. J'ai alors pensé que de grandes joies sont liées au don de soi et que, comme le Poverello qui avait tout donné, la vraie pauvreté pouvait être joyeuse. Merci à Frère OLIVIER pour ce petit moment de bonheur. |
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Chez soi ou en voyage, en France ou à l'étrange, les
vacances sont généralement une période propice au repos et à la réflexion. C'est
aussi l'occasion d'ouvrir grand ses mirettes pour découvrir d'autres paysages, d'autres
personnes, s'émerveiller devant les splendeurs de la Création et l'art des hommes. La Toscane est riche de ce point de vue. Les paysages, si proches de notre Provence avec ses cyprès, (quoique plus ronds et plus touffus) ses oliviers en rangs serrés, sa vigne prolixe, semblent avoir été conçus tout spécialement pour le plaisir des photographes: couleur " Sienne " de la terre, rondeurs des vallons et des collines au sommet desquelles se perchent de vastes et belles demeures isolées ou de charmants villages médiévaux. Quant aux abbayes... Comment ne pas être sensible, même si on n'est pas croyant, à la paisible atmosphère de ces lieux consacrés à la prière ? Pourtant parfois les touristes exagèrent et de braves bénédictins dans leur blanche robe sont obligés de donner de la voix pour remettre en place ceux qui s'adossent sans vergogne à des fresques centenaires ou laissent retentir la sonnerie de leurs téléphones portables en des lieux où règne habituellement le silence. .. Cet éclat se produisait en la rustique abbaye de Monte Oliveto Maggiore dont la trentaine de fresques de Luca Signorelli (1497 et 1498) et du Sodoma (1505) sont entièrement consacrées à la vie de Saint Benoît. Délice des titres: " Comment Saint Benoît sur le point de commettre le péché de chair résiste à la tentation " ou bien " Comment Saint Benoît punit Marce1lino d'avoir violé le Jeune ... L'abbaye romane de Sant' Antimo au creux d'un vallon verdoyant est toute en rondeurs. La légende la dit fondée par Charlemagne. Ce qui est sûr, c'est qu'elle fut très rayonnante aux XIIème et XqIème siècles. Fraîcheur, charme, recueillement. ..Ici on se sent vraiment près de Dieu, déchargé de tous ses poids, investi d'une grande force. L'histoire de l'abbaye de San Galgano, dont il ne reste hélas que des ruines, mérite d'être contée. Le noble chevalier Galgano Guidotti (1148-1181) aurait un jour de décembre 1180 décidé de ne plus jamais se battre. Pour symboliser ce refus, il se retira sur le mont Siepe, à une quarantaine de kilomètres de Sienne, où il vécut dans une cabane. Plantant son épée dans la pierre, il la transforma. .. en croix. Le pape Lucius III le canonisa quelques années après sa mort. Le monastère fut édifié au X111ème siècle à l'initiative de moines cisterciens. Séduisante, l'idée de laisser tomber l'épée, non ? Pourtant, en cette rentrée toujours aussi riche en événements dramatiques, je me pose la question: elle pourrait servir. ..autrement ? Que l'on considère l'actualité sociale, politique ou simplement sa vie quotidienne, il est si lourd parfois le fardeau de la vie, qu'on se laisse accabler. Dans quelle profonde cave avons-nous enfermé notre sourire, notre douceur et notre foi ? Osons y descendre, secouons les toiles d'araignées, chassons les cafards, faisons entrer la lumière ! Tenez, si on se transformait en nobles chevaliers ? Brandissons nos épées, oui, mais pour faucher les ronces -la colère, les sarcasmes, l'esprit de revanche, les mauvaises herbes -l'angoisse, la rancreur, les regrets, le ressentiment- pour libérer la princesse prisonnière -la confiance, un goût légitime pour la victoire ( qu'on n'obtient pas sans audace et sans risque) et aussi les larmes bénéfiques qui aspire à la lumière et à la vie: homme ou femme, nous-même ! |
En parcourant nos quartiers et nos
rues - 15 DES HOMMES ILLUSTRES (suite) |
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