n° 228 Automne 2004

 

L'Edito par Lucien AURARD
CERCA ! Un nouveau sigle qui entre cette année dans la vie de Saint-Ruf.

Le CERCA, Centre d'Etudes et de Réflexion Religieuse d'Avignon, vient de se constituer en association loi 190 1 et s'installe dans l'aile des locaux du centre paroissial qui accueillait jusqu'à ces dernières années l'aumônerie des collèges d'Avignon Sud. Cette association s'est constituée autour d'un certain nombre de chrétiens et " se donne pour but d'aider à la découverte et à l'approfondissement des données de la foi chrétienne ". Le CERCA est donc un lieu de formation et de réflexion ouvert à tous ceux qui souhaitent recevoir un enseignement solide sur la théologie, la Bible et l'histoire de l'Eglise.

L'enjeu est important. Notre Eglise et chacun de nous doit se donner les moyens de dire la foi au creur des passions et des attentes du monde. Le CERCA entend être un de ces moyens qui va servir l'annonce de l'Evangile. Car, fInalement, la question à se poser est celle-ci : l'Evangile est-il bon pour l'homme d'aujourd'hui confronté au poids de sa vie ? L'Evangile peut-il aider ? Non pas de façon superficielle, en anesthésiant pour un temps les souffrances, mais en permettant de vivre au plus profond et au plus vrai de soi-même quand on s'affronte à la souffrance, à la solitude, au découragement ? Oui, nous en sommes sûrs, l'Evangile est une très bonne nouvelle susceptible de combler les hommes et les femmes d'aujourd'hui.

L'Evangile, en effet, est chemin de liberté. La relation à Jésus-Christ donne l'audace de la liberté. La foi en Jésus-Christ aide à vivre debout. Il n'y a là rien de magique. Le secret de l'Evangile, c'est d'appeler l'homme dans la totalité de son histoire en lui donnant la liberté de ne pas tricher avec ses moments de doute, de dépouillement, de traversée du désert, de désespérance face au mal et à la mort. La force de l'Evangile, c'est de dévoiler la grandeur et la dignité de tout homme: notre histoire, ce n'est pas la mort. Notre histoire, c'est Dieu.

Voilà pourquoi notre communauté chrétienne de Saint-Ruf continue de chercher comment être un lieu privilégié où l'on s'invite mutuellement à " goûter " la bonté de l'Evangile, à " peser sa vie de la densité de l'Evangile ". J'emprunte ces mots à Mgr Albert Rouet, évêque de Poitiers. Il écrit: " ce qui est vrai, on peut le partager, ce qui est beau, on peut l'admirer mais ce qui est bon, il faut le goûter. Et personne ne peut faire cette expérience à notre place car on goûte à l'intérieur de soi. Or l'Evangile, on doit l'expérimenter en soi, dans sa vie et pas simplement le regarder de l'extérieur. "

Je crois que c'est là, exactement, la mission de l'Eglise: se donner les moyens de convaincre l'homme d'aujourd'hui à jouer son existence sur la beauté et la bonté de l'Evangile.

 

Un article : L'EGLISE DU BRESIL témoin de l'Evangile par le père Pierre Averan

LE CONTEXTE POLITIQUE
Depuis 18 mois se trouve à la tête du Brésil, Luiz Ignacio Lula da Silva, plus communément appelé Lula. Celui- ci, issu d'un parti de gauche, le Parti des Travailleurs (PT), n'est pas pa,rvenu à mettre en reuvre ses programmes sociaux, sans doute trop ambitieux.
«La faim n'a jamais été aussi visible» a déclaré récemment le Conférence Nationale des Evêques du Brésil, alors que le budget de l' Etat et la balance commerciale sont en excédent.
Ceci provoque la déception de beaucoup, y compris au sein du propre camp du Président ; lui-même parle du succès relatif de ces 18 mois de présidence.
Cependant il affIrme toujours qu'il tiendra son engagement de faire en sorte que les Brésiliens aient trois repas par jour.

LE CONTEXTE RELIGIEUX
Par rapport à la population totale du Brésil, les catholiques diminuent et les évangélistes augmentent; ces derniers étaient 13,3 milions en 1991, ils sont aujourd'hui 26,1 milions.
La grande majorité appartient aux Eglises d'origine pentecôtiste, comme l' Assemblée de Dieu, l'Eglisè congrégationnelle chrétienne du Brésil et l'Eglise Universelle du Règne de Dieu, qui sont parfois qualifiées de sectes, mais auxquelles, les catholiques eux- mêmes donnent de plus en plus le nom d'Eglises.
Les causes de cette augmentation sont multiples, mais la principale est la simplicité, pour ne pas dire le simplisme, de la prédication, basée sur une lecture fondamentaliste de la Bible. De plus celle-ci , assurée par des pasteurs issus le plus souvent du milieu populaire, s'accompagne de «rites» de guérison, qui ont beaucoup de succès, auprès d'une population, vic-
time de maladies, dues à la malnutrition et à la dénutrition et à un service de santé très déficient pour les classes défavorisées.
Est rejetté tout rapprochement avec l' Eglise catholique, qui est considérée le plus souvent comme "d'Eglise du Diable" et vigoureusement critiquée.

LES FORCES ET LES FAIBLESSES DE L'EGLISE DU BRESIL
On ne peut être qu'émerveillé par le fourmillement d'initiatives missionnaires, qui naissent au sein de l'Eglise brésilienne. Ce sont des minorités significatives, telles que les Communautés de base, qui s'assument sans la présence de prêtre. Ces inititiatives vont particulièrement vers les exclus : les enfants de la rue, les prisons, les populations indigènes, les femmes des quartiers populaires, les noirs, les vieillards ,etc. Des groupes s'organisent aussi et développent une économie solidaire. Dom Helder Camara appellait ces groupes des « minorités abrahamiques », parce que, comme Abraham, elles croient et espèrent contre toute espérance. Ce sont elles qui donnent une âme à la société brésilienne.
D'autre part la Conférence Nationale des Evêques du Brésil (C.N.B.B), très bien structurée depuis longtemps, n 'hésite pas a prendre des positions courageuses pour dénoncer les injustices et la corruption. Enfin chaque année est lancée pendant le Carême une grande campagne nationale de sensibilisation des catholiques aux problèmes concrets, qui touchent la vie des brésiliens, et dont le relais est bien repris dans les différents diocèses (plus de 300).
Cependant l'épiscopat brésilien manque de leaders, comme il en a cormu dans le passé, tels que Dom Helder Camara, Dom Arnst et d'autres , capables d' insufl1er un souffle vraiment prophétique à l'ensemble de l'Eglise de ce vaste pays ( 17 fois la France !). De plus de nombreux responsables des mouvements d'Eglise semblent surtout préoccupés par la situation de l'institution écclésiale , plus que par le dynamisme missionnaire, en particulier auprès des masses populaires, qui s'agglutinent dans les «favellas» des grandes villes.

QUE POUVONS NOUS APPRENDRE DE L'EGLISE DU BRESIL?
Le contexte, dans lequel nous vivons, est bien différent tant sur le plan culturel que social. Il ne s'agit donc pas de copier les «recettes» pastorales brésiliennes. Cependant combien il nous serait utile de nous inspirer des
communautés chrétiennes du Brésil, qui d'une part sont fondées avant tout sur l'écoute de la Parole de Dieu et qui d'autre part prennent en compte toute la vie de leurs membres, car c'est toute la vie sous tous ses aspects,
qui a besoin d'être humanisée et évangélisée.

P.S. le Père Pierre AVERAN a exercé son ministère au Brésil: une première fois de 1964 à 1968 au Nord -Est, dans le diocèse d'Aracaju (état de Sergipe ). Une deuxième fois au Nord du Brésil dans le diocèse de Viana ( à 220 krns de Sao Luis du Maranhao) de 1998 à 2001.

 

Eh Change ! par Yahne Journeau

Le groupe Eh, change! est né à la rentrée 2001, à l'initiative de quelques paroissiens qui souhaitaient "lire leur quotidien à la lumière de l'Evangile".
Son nom même définit ses buts: "échange" entre les participants, "eh, change !" souci de faire le point sur soi-même et d'avancer spirituellement.
Ses réunions se tiennent une fois par mois, le troisième jeudi, de 19 à 21 heures. Son originalité vient :
.du fait qu'il est composé d'une quinzaine de paroissiens (ce nombre est d'ailleurs fluctuant autour d'un noyau très fidèle), en ménage ou célibataires, d'âge différent, de diverses professions... d'où une riches-
se d'idées, des expériences de vie variées,
.de la formule repas "Que cette nourriture fortifie l'amour en nos cceurs", adoptée dès le début, qui est propice aux communications réciproques. L'apéritif préparatoire met les invités en confiance, les nouvelles des familles circulent.
Autour de la table, chacun ayant confectionné un plat (bizarrement, sans la moindre concertation il y a toujours tout ce qu'il faut !) le partage crée déjà la convivialité. Dans cette atmosphère chaleureuse, celui qui veut s'exprimer sait qu'il ne sera ni critiqué ni jugé.
Le thème abordé (entre autres: le pardon, le secret, les différences culturelles, être porteur d'un handicap, à quoi sert l'Histoire, qu'est-ce que le bonheur ? ...) est préalablement travaillé par deux ou trois personnes volontaires, puis présenté et discuté avec l'aide du Père Hervé. En fin de séance -généralement à l'heure fixée -celui-ci fait la synthèse des propos tenus, marquée par son témoignage de joie et la profondeur de sa foi. Il conduit la récitation d'une prière commune et enfin intervient
dans le choix du thème de la réunion suivante.
La prochaine rencontre, de retrouvailles ou d'accueil de nouveaux participants, aura lieu au Centre paroissi al le jeudi 16 septembre. Vous y êtes cordialement invités !

 

Un article : Frère Olivier, au jardin du couvent des Franciscains par Margot Gept
La vie, dit-on, est faite de petits bonheurs. Il en est un: ma visite à Frère OLIVIER, rue Porte-Evêque.
Il n'y a pas de couvent qui n'ait son jardin, encore moins lorsqu'il s'agit d'un couvent de Franciscains. Aussi, profitant d'une belle journée, Frère OLIVIER m'a reçue dans le jardin. Les écureuils grimpaient dans les arbres, les lauriers roses s'épanouissaient généreusement. Le puits dispensait son eau sur les plants de tomates et les fruits de l'abricotier mûrissaient au soleil.
Frère OLIVIER, vous connaissez ? Ce prêtre de la soixantaine, à la barbe poivre et sel, qui vient, une fois par mois, partager l'Eucharistie avec les paroissiens de St-Ruf.
A Avignon depuis septembre 2002, il a été désigné économe lors du dernier chapitre, chapitre qui a lieu tous les 3 ans. Une décision prise très démocratiquement après discussion entre les frères. Plus fréquents les chapitres « des Nattes » (nom donné à ces réunions en souvenir des
nattes de paille qui servaient de lit aux frères à l'époque de St François) où aucune décision importante n'est prise mais où les frères ont la joie de se retrouver en famille. Ne dit-on pas la famille franciscaine pour désigner cet ordre religieux ? Une expression bien vivante pour Frère OLIVIER qui, ayant peu de famille, trouve en ses frères l'amour et la tendresse chère à St François.
Chercheur de Dieu dès son plus jeune âge Frère OLIVIER est originaire du Jura. Il a 20 ans lorsqu'il commence son noviciat à Lille: une année d'apprentissage de la prière, de la vie fraternelle mais aussi de la solitude. Puis après un an de propédeutique, deux ans de philosophie et quatre ans de théologie à Orsay et à Metz, il est ordonné prêtre à 28 ans.
Après deux ans de Service Militaire en Allemagne, il s'est immergé un an dans la vie pastorale à St-Etienne. Puis, après cinq années d'aumônerie à Besançon (la ville chère à son creur) c'est en Afrique qu'il a passé ses plus longues années.
Voir un frère en tout homme vivant En 1975, Frère OLIVIER part en Côte d'Ivoire. Puis c'est le Togo de 1982 à 1993 où il est d'abord curé de brousse puis à Lomé pendant cinq ans en maison de formation. C'est en Guinée-Bisao, à la mission de Cumura, que Frère OLIVIER est en contact avec les lépreux. En Côte d'Ivoire, à Abidjan, il est appelé auprès des plus pauvres, des immigrés vivant en bidonvilles. Là, il connaît la grande pauvreté. Par l'attention aux autres dans l'humilité, la solidarité vécue patiemment, les plus petits gestes d'amour, n'était-ce pas se rapprocher de St François et de son modèle Jésus Crucifié ?
Après l'Afrique et avant de venir à Avignon, Frère OLIVIER était en Corse, au Sanctuaire marial de Lavasina, près de Bastia
Une vie fraternelle dans la simplicité
Avant de quitter notre frère franciscain, celui-ci me fait visiter les lieux.
La chapelle, dont l'entrée est rue d'Annanelle, est ouverte toute la journée. Les frères s'y rassemblent en semaine pour l'Eucharistie à 7h15 et le dimanche à 8h30 et tous les jours pour les Vêpres à 18h30.
Une enfilade de pièces au rez-de-chaussée donne sur le jardin.
C'est bientôt l'heure du déjeuner. Frère MACAIRE s'active dans la cuisine. Huit couverts sont mis dans la salle à manger, les frères les plus âgés prenant leur repas dans leur chambre. La Communauté, qui comprend à l'heure actuelle une douzaine de frères, est en réalité plus nombreuse, certains d'entre eux pouvant y être rattachés tout en exerçant une activité ailleurs. C'est le cas de l'ex-Evêque de Perpignan.
Parloirs, salon de télévision donnent également sur le jardin. Un prêtre, étudiant togolais en vacances, balaie les feuilles de la galerie qui longe le bâtiment et la préserve de la grosse chaleur.
C'est en savourant un abricot du jardin que j'ai pris congé de frère OLIVIER. Un homme heureux qui n'a jamais regretté d'être frère et prêtre. J'ai alors pensé que de grandes joies sont liées au don de soi et que, comme le Poverello qui avait tout donné, la vraie pauvreté pouvait être
joyeuse.
Merci à Frère OLIVIER pour ce petit moment de bonheur.

 

9 mois après le lancement, où en sommes- nous. ! par Alain Puig Trésorier de l'A.P.O.C.

Amis lecteurs,
En décembre dernier, une conférence de presse donne le départ du projet de rénovation de notre église complété par la réalisation d'un orgue. Cette entreprise regroupant autour du Père Aurard une équipe luridisciplinaire de bénévoles devient l'Association Pour l'Organisation du Centenaire (A.P.O.C.), présidée par Jean-Jacques Hanriot.
Un premier devis estimatif d'architecte s'élève à 1.700.000 € la réalisation devant s'étaler jusqu'en 2012, année de la célébration du Centenaire. Le point aujourd'hui :
.vous êtes 433 adhérents et/ou donateurs qui avez apporté à l'APOC 6537 €
.vous avez été près d'un millier à assister aux concerts et lectures organisés dans l'église pour une recette de 5650 €
.2 mécènes, l'imprimerie Barthélemy et l'entreprise Piano Pulsion, nous ont offert pour 1 400 € de prestations et la cave coopérative de Cairanne a fourni les cartons de vin offerts aux artistes.
Soyez-en tous remerciés, ainsi que les artistes intervenant tous gracieusement !
Mais nous avons encore besoin de vous, de vos amis, de vos relations, de tous ceux qui sont attachés à l'église Saint-Ruf, car le cheminement va être long et difficile pour parvenir à cette inauguration que nous souhaitons tous joyeuse, rassembleuse et mémorable, en 2012, dans une
.église ravalée, rénovée,
.avec un vrai clocher
.au son d'un orgue digne d'une oeuvre d'art.
Le Gouvernement, conscient de l'insuffisance de financement des projets d'intérêt général a décidé de porter le plafond de la DÉDUCTION FISCALE à 60% de la valeur de CHAQUE DON pour les PARTICULIERS (dans la limite de 20% du revenu imposable) et les ENTREPRISES (dans la limite de 5/1000 du chiffre d'affaires).
Pour nous permettre d'atteindre un niveau de ressources significatif susceptible d'entraîner d'autres financements (mécénat, subventions, prêts, etc.), il est essentiel que tout adhérent et/ou donateur puisse manifester sa fidélité chaque année et que le niveau moyen de sa participalion tende, si possible, vers 100 € par an, soit un effort réel de 40 € (260 F) après déduction fiscale.
Certes, ce projet est ambitieux, même un peu fou diront certains, mais il est à la hauteur de l'enjeu. Sa réalisation dépend de la volonté de la paroisse et de celle d'un quartier de 25 000 habitants : Saint-Ruf.
Merci à tous par avance!

noter : L'assemblée générale de l'association aura lieu Ie 6 novembre à 17 h 00. Vous y êtes tous cordialement invités. Le prochain " Dimanche de Saint-Ruf » aura lieu le 2 novembre à 17 h : Hubert Nyssen, écrivain et fondateur des Editions Actes Sud, y évoquera la figure de Nina Berberova.

 

Un article : en Toscane : abbayes et comtes de faix par Anne Camboulives
Chez soi ou en voyage, en France ou à l'étrange, les vacances sont généralement une période propice au repos et à la réflexion. C'est aussi l'occasion d'ouvrir grand ses mirettes pour découvrir d'autres paysages, d'autres personnes, s'émerveiller devant les splendeurs de la Création et l'art des hommes.
La Toscane est riche de ce point de vue. Les paysages, si proches de notre Provence avec ses cyprès, (quoique plus ronds et plus touffus) ses oliviers en rangs serrés, sa vigne prolixe, semblent avoir été conçus tout spécialement pour le plaisir des photographes: couleur " Sienne " de la terre, rondeurs des vallons et des collines au sommet desquelles se perchent de vastes et belles demeures isolées ou de charmants villages médiévaux.
Quant aux abbayes... Comment ne pas être sensible, même si on n'est pas croyant, à la paisible atmosphère de ces lieux consacrés à la prière ? Pourtant parfois les touristes exagèrent et de braves bénédictins dans leur blanche robe
sont obligés de donner de la voix pour remettre en place ceux qui s'adossent sans vergogne à des fresques centenaires ou laissent retentir la sonnerie de leurs téléphones portables en des lieux où règne habituellement le silence. ..
Cet éclat se produisait en la rustique abbaye de Monte Oliveto Maggiore dont la trentaine de fresques de Luca Signorelli (1497 et 1498) et du Sodoma (1505) sont entièrement consacrées à la vie de Saint Benoît. Délice des titres: "
Comment Saint Benoît sur le point de commettre le péché de chair résiste à la tentation " ou bien " Comment Saint Benoît punit Marce1lino d'avoir violé le Jeune ...
L'abbaye romane de Sant' Antimo au creux d'un vallon verdoyant est toute en rondeurs. La légende la dit fondée par Charlemagne. Ce qui est sûr, c'est qu'elle fut très rayonnante aux XIIème et XqIème siècles. Fraîcheur, charme, recueillement. ..Ici on se sent vraiment près de Dieu, déchargé de tous ses poids, investi d'une grande force.
L'histoire de l'abbaye de San Galgano, dont il ne reste hélas que des ruines, mérite d'être contée. Le noble chevalier Galgano Guidotti (1148-1181) aurait un jour de décembre 1180 décidé de ne plus jamais se battre. Pour symboliser ce refus, il se retira sur le mont Siepe, à une quarantaine de kilomètres de Sienne, où il vécut dans une cabane. Plantant son épée dans la pierre, il la transforma. .. en croix. Le pape Lucius III le canonisa quelques années après sa mort. Le monastère fut édifié au X111ème siècle à l'initiative de moines cisterciens.
Séduisante, l'idée de laisser tomber l'épée, non ? Pourtant, en cette rentrée toujours aussi riche en événements dramatiques, je me pose la question: elle pourrait servir. ..autrement ? Que l'on considère l'actualité sociale, politique ou simplement sa vie quotidienne, il est si lourd parfois le fardeau de la vie, qu'on se laisse accabler. Dans quelle profonde cave avons-nous enfermé notre sourire, notre douceur et notre foi ? Osons y descendre, secouons les toiles d'araignées, chassons les cafards, faisons entrer la lumière !
Tenez, si on se transformait en nobles chevaliers ? Brandissons nos épées, oui, mais pour faucher les ronces -la colère, les sarcasmes, l'esprit de revanche, les mauvaises herbes -l'angoisse, la rancreur, les regrets, le ressentiment- pour libérer la princesse prisonnière -la confiance, un goût légitime pour la victoire ( qu'on n'obtient pas sans audace et sans risque) et aussi les larmes bénéfiques qui aspire à la lumière et à la vie: homme ou femme, nous-même !

 

En parcourant nos quartiers et nos rues - 15
par Michel Hayez

DES HOMMES ILLUSTRES (suite)

Après avoir sommairement présenté dans l' « Estello » de l'été les vies du maréchal Juin et du président Eisenhower, je puis encore évoquer les carrières de trois militaires et d'un héros de l'aviation civile qui ont laissé leur nom à des voies de nos quartiers.
Dans l'art militaire, le chevalier Jean-Charles de Folard (avenue dans le prolongement sud de celle de l' Arrousaire) né à Avignon en 1669, mort en 1752, fut au service du roi de France (guerre de succession d'Espagne, vers 1704-1710) puis de Charles XII de Suède, mais il est surtout connu par ses écrits de tacticien, comme les Commentaires de Polybe (grand historien grec du lIème siècle avant Jésus-Christ, témoin de l'expansion romaine).
Il fut surnommé le « Végèce français », auteur d'un Traité de l'art militaire au IVème siècle de notre ère.
Foch (maréchal Ferdinand) -son boulevard s'ouvre à l'ouest de l'avenue de
l' Arrousaire et non loin de celle de Charles de Folard -, né à Tarbes ( 1851 ), mort en 1929 -, polytechnicien, professeur puis directeur de I 'Ecole de Guerre, il est le général victorieux de la bataille de la Marne (septembre 1914); adjoint à Joffre, il participe aux offensives sanglantes de l'Artois et de la Somme. Devenu chef d'état-major général, sous le commandement de Pétain, après l'échec du général Nivelle, il obtint le commandement unique sur le front occidental et déclencha l'offensive qui aboutit à l'armistice du 11 novembre 1918. Il était maréchal de France (août 1918), de Grande-Bretagne (1919) et de Pologne (1923).

Guynemer (Georges), né en 1894, mort au champ d'honneur le 11 septembre 1917 (sa rue est parallèle au sud du boulevard Foch). Celui que Rudyard Kipling surnomma « le saint patron de la grande cavalerie des nuages » commença comme élève mécanicien au camp d'aviation de Pau Ganvier 1915) et exécuta son premier vol militaire trois mois et demi plus tard. Appartenant à l'escadrille des Cigognes, pilotant un Nieuport puis un Spad, il remporta cinquante-quatre victoires sur l'aviation allemande et obtint le remplacement de la mitrailleuse de son avion par un canon. Il disparait au-dessus de Poëlkapelle (Flandre belge).
Comme héros de l'aviation, nous en rapprocherons Mermoz (Jean, 1901-1936) -son boulevard réunit l'avenue de Tarascon à celle de la Cabri ère, au sud des vestiges de l'abbaye de Saint-Ruf -.Muni de son brevet de pilote militaire en 1921 et entré dans la compagnie Latécoère, il réalisa le 10 octobre 19271a première liaison aérienne directe et sans escale de la France avec le Sénégal, pratiqua le vol de nuit au-dessus de la Cordillère des Andes puis à bord d'un hydravion avec Gimé et Dabry, les 12-13 mai 1930, réalisa la première liaison aérienne directe France-Amérique du sud; il disparut dans l' Atlantique sud le 6 décembre 1936 à bord de son hydravion « Croix du Sud ».

 

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