n° 216 Automne 2001

 

L'Edito par Lucien AURARD

I

Une assemblée diocésaine les 10 et 11 novembre 2001.
Jean Paul II, notre vieux pape, malgré la maladie et la fatigue, ne cesse de surprendre par sa jeunesse de coeur et son enthousiasme. Au début de ce nouveau millénaire, il écrit aux chrétiens pour les pousser sur les chemins de l'espérance et de la joie. Voilà, par exemple, quelques phrases glanées tout au long de cette lettre :

" Par dessus tout, chers frères et soeurs, nous avons le devoir de nous projeter vers l'avenir. " - " Notre programme existe déjà : c'est celui de toujours, tiré de l'Evangile et de la Tradition vivante. Il est centré sur le Christ. Ce programme est notre programme pour le troisième millénaire " - " Allons donc de l'avant dans l'espérance ! Un nouveau millénaire s'ouvre devant l'Eglise comme un vaste océan dans lequel s'aventurer ". Jean Paul II "Novo millennio ineunte"

C'est dans cet esprit que l'Eglise en Vaucluse prépare son assemblée diocésaine.Un diocèse, c'est la portion du peuple de Dieu confiée à un évêque pour qu'il en soit, avec la coopération des prêtres, le pasteur. Dans l'empire romain, le diocèse (du grec dioikésis, conduite des affaires de la maison) était une subdivision administrative. Aujourd'hui, très souvent, un diocèse correspond à un département. C'est le cas pour nous. Le diocèse d'Avignon, c'est l'Eglise qui est en Vaucluse. Monseigneur Raymond Bouchex en est l'évêque, le pasteur. Notre diocèse, avec l'ensemble des Eglises locales qui sont dans le monde, constitue l'Eglise universelle, le peuple de Dieu.

II



Depuis une année maintenant, à l'initiative de notre évêque, le diocèse d'Avignon prépare son assemblée diocésaine. Dans chaque paroisse, dans chaque communauté, nous avons travaillé l'une ou l'autre des dix fiches proposées. Chez nous, nous avions retenu quatre pistes (La vie spirituelle - La pastorale familiale - Eglise et société - Vie matérielle de l'Eglise). Tout ce travail est remonté maintenant. Un document va rassembler tout ce qui a été dit autour des trois lignes d'action qui sont depuis toujours au coeur de la vie de l'Eglise : Célébrer le salut en Jésus-Christ dans la liturgie et les sacrements, dire et vivre la foi chrétienne, servir la vie des hommes.

L'assemblée sera constituée de 120 membres environ. Ils appartiennent aux divers conseils de notre Eglise diocésaine : Le conseil épiscopal, le conseil presbytéral, le conseil pastoral diocésain, le conseil diocésain de l'Etat religieux, le conseil diocésain de la solidarité, le conseil diocésain pour les affaires économiques et des membres des conseils pastoraux pris dans les paroisses ou secteurs peu ou pas représentés.

Un temps fort qui va marquer notre année. Une chance. Un regard sur demain.

" Puisse Jésus ressuscité,
lui qui fait route avec nous comme avec les disciples d'Emmaüs,
se laissant reconnaître à la fraction du pain,
nous trouver vigilants et prêts à reconnaître son visage pour courir vers nos frères
et leur communiquer la grande nouvelle :
" Nous avons vu le Seigneur". "
Jean Paul II, Novo millennio ineunte.

 

Un article : 30 ans d'aide et d'amitié entre la paroisse Saint-Ruf et le Foyer d'Aledjo.... par Margo GEPT

I

A ucun paroissien ne peut ignorer la vente d'objets divers (layette, fleurs, patisseries. ..) qui a lieu une fois par an au printemps pour financer les frais d'expédition des médicaments envoyés au Foyer d'Aledjo au Togo.

Ce jumelage très ancien entre notre paroisse et le foyer d'Aledjo remonte à 1968. C'est à cette époque qu'une de nos paroissienne, Madame AUDON, aujourd'hui décédée, entre en contact avec le père MARCEL qui a ouvert en 1962 le premier Foyer de Charité en Afrique, au Togo. Voici ce qu'il lui écrivait :

«Aledjo est un petit village d'environ 1200 habitants, isolé sur un plateau rocheux à 800 mètres d'altitude. Les gens y sont très pauvres. Les paysans cultivent courageusement un sol aride. Suivant les années, la saison des pluies leur est favorable, la récolte est alors suffisante pour vivre. Pas d'outillage, pas d'écoulement des produits agricoles, mais la volonté et la joie de vivre. ..»

Face à cette pénurie, il fallait agir. L'idée fut de faire parvenir des médicaments dans ce lointain dispensaire. Il serait trop long de vous raconter comment cette action s'est mise en place. Elle est relatée dans «un livre d'or» à la disposition des paroissiens lors de la vente.

Donnons la parole à Madame BAZALGETT qui a succédé à Madame AUDON, responsable aujourd'hui de cette opération :

II

 

«Les tâches sont nombreuses: récolte des médicaments, tri, préparation des colis, expédition et financement des envois. Ce poste est particulièrement important car si à l'origine l'envoi d'un colis de 3 kgs coûtait 4 F 80 centimes, nous sommes maintenant à 60 F.

C'est grâce au dévouement et à la générosité de dizaines de personnes (médecins, pharmaciens, infirmières, bénévoles,...) aux divers stades de la collecte, qu'au fil des années nous avons pu tenir un rythme de 10 colis de 3 kgs par mois.

Mais outre les dix tonnes de médicaments acheminées au cours de ces années, le plus merveilleux c'est cette chaîne d'amitié entre nos deux communautés, nos deux pays. Des courriers réguliers en témoignent. Une jolie histoire à vous raconter: Un jour un jeune homme nous écrit qu'il est allé voir sa sreur au foyer. Il y chipe notre adresse et nous explique qu'il est d'une nombreuse famille, qu'il vient de perdre sa maman. Son chagrin est immense. Sa lettre, vous vous en doutez n'est pas restée sans réponse et nous sommes restés en relation. 10 ans après il nous écrivait qu'il était ordonné prêtre.»

 

En parcourant nos quartiers et nos rues - 8 par Michel HAYEZ

I

«A tout seigneur tout honneur» : cette avenue, ancien chemin de Monclar et même, à son extrémité sud, chemin de Barbentane au début du XIXe siècle, constitue en effet le cadre des souvenirs d'enfance d'Henri Bosco (1888-1976), Antonin, 1952, Un oubli moins profond, 1961, Le Chemin de Monclar, 1962 et le Jardin des Trinitaires, 1966. Émotions et impres- sions y sont délicatement exprimées, mais outre la dis- crétion qui pouvait s'imposer à l'égard des noms de famille (le pasteur Autrand est toutefois un personnage réel, âgé de 48 ans en 1896), la reconstitution du quar- tier à l'aube du XXe s. à partir de ces souvenirs n'est pas facile. Néanmoins, une certaine ambiance est recréée par l'écrivain : «le pont ténébreux et retentis- sant du chemin de fer» ; «ce n'était que «villas» ran- gées côte à côte avec soins par de petits rentiers et des retraités de l'État. ..», alors que <des jolies maisons, les jardins fort agréables» du chemin des Violettes sont mises en balance. Le chemin était bordé de platanes. Qui identifiera le mas familial du Gage, à l'Ouest de Monclar, les quelques villas au parc mystérieux comme celle des Tilleuls ?
    Sur les cadastre et matrice de 1819-1820 (la section V d'alors s'appelle St-Roch ou Champfleury ; à l'est commence celle de St-Ruf) ; le long de notre «che- miro>, rien que des prés et des terres, appartenant à des propriétaires de l'intra-muros ; seule émerge presque à la jonction de l'avenue et de celle de la Violette (à hau- teur des impasses d'Alsace et Gambetta, l'ancienne ferme de la famille Fra n'en serait-elle pas un vestige ?), la maison du boucher Honoré Yol (habitant d'ailleurs rue du Sextier), accompagnée d'un jardin, d'un bosquet et d'une cour. Selon Robert Bailly, Monclar est la grange de la famille Desmarets, sei- gneurs de Monclar aux XVIIe-XVIIIe s., à 700m. environ des remparts.
La difficulté pour reconstituer la physionomie de l'avenue dans le passé tient à plusieurs causes: avant 1900 environ, les voies de la banlieue ne portent pas de nom. Ainsi en 1851, le recensement ne connaît qu'un vaste quartier de Champfleury où 49 maisons sont bâties; la numérotation alternée pair-impair des mai- sons ne fut appliquée à la banlieue qu'après la premiè- re guerre mondiale; si les recenseurs semblent habi- tuellement mener l'opération sur le côté gauche d 'une rue puis sur le côté droit (ou vice versa), certains zig- zaguent d'un trottoir à l'autre; enfin faut-il ajouter que de grands immeubles collectifs ont surgi à partir de 1950, faussant la numérotation des maisons. Il faut au

II

moins citer ici <de Trianom>, «Le Saint-Pierre», «Les
Cèdres», <des Mélèzes», <da Marjolaine».
D'après les recensements de 1896, 1911, 1921, et 1936, les commerces d'alimentation y était nombreux ; leur nombre doubla vers 1905-1910, passant d'environ 5 à 10 (avec une récession probable dans l'immédiat après-guerre. La création de la paroisse de Saint-Ruf date d'ailleurs de 1912). Au lieu du «perruquier» de 1896, quatre coiffeurs et coiffeuses étaient apparus avant 1936.
En partant des voies ferrées, l'on constate que les bâtiments voisins, du côté pair (ou ouest) abritent des familles ou des services du P.L.M., devenu la S.N.C.F. Deux maisons très typées retiennent notre attention: le no8 bis, de style art déco, marqué par une certaine asy métrie et quelques décrochements, ainsi que l'on caractérise l' reuvre de Robert Mallet-Stevens, surtout actif à Paris et dans sa banlieue vers 1923-1936. Ayant franchi l'impasse Turin, la façade «macaroni», nolo, signalée par quelques journalistes et historiens, nous fait remonter un quart de siècle plus tôt: contemporain et émule des propagateurs du modem style en France Hector Guimard (le «père» du décor des entrées du métro parisien notamment) et Jules Lavirotte ; l'architecte avignonnais Ambroise Boch (né en 1868) conçut peu après 1900 cette maison pour son propre usage, ne la quittant pour l'intra-muros (1930) que quelques années avant sa disparition.
Aux abords de l'impasse des Abeilles comme des impasses Magali et Emest-Feuillet, de belles maisons anciennes demeurent isolées de l'avenue à l'abri de leur petit parc. L'une d'elles, la villa «Mireille» (nO33) a abrité l'illustre Edgar Zacharewicz (né en 1858), arrivé à Avignon comme professeur d'agriculture à l'école normale d'instituteurs (son Vaucluse agricole, 1898, est un manuel d'enseignement parmi la soixantaine de ses ouvrages, dont la Carte agronomique des communes du département, 1896-1903) et le premier directeur des services agricoles de Vaucluse. Le géographe Pierre George évoque <d 'homme souriant et discret» qu'il continua à visiter jusqu'après la première guerre mondiale, après avoir été attiré enfant par <des ombres mystérieuses enveloppant sa grande maisom> et le salue comme «un des artisans de la modernisation et de la commercialisation de l'agriculture» (reconstitution du vignoble après la crise phylloxérique, recherche de marchés étrangers.

 

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